Les ambitions de l’Egypte sont énormes en ce qui concerne les énergies propres. Qu’il s’agisse d’énergies éolienne ou solaire, d’hydrogène vert ou de nucléaire civil, le pays fait des pas sûrs dans la diversification des ressources d’énergie propres et l’avancement sur la voie de la transition énergétique.
L’Égypte a lancé, en 2014 une stratégie nationale pour diversifier son mix énergétique d’ici 2035. L’objectif était d’abord de porter à 42% la contribution des énergies renouvelables à la production nationale d’électricité. Il s’agit de porter à 20% cette contribution d’ici 2035. Récemment, la stratégie a été mise à jour pour que la contribution des énergies renouvelables soit de 42% en 2030.
L’Egypte aurait une capacité d’énergie renouvelable qui passera de 3,51 GW en 2020 à 13,7 GW en 2030, avec un taux de croissance annuel composé de 14,6 %, selon le site clustersolaire.ma. Cette progression sera portée par l’énergie solaire photovoltaïque et l’énergie éolienne.

Parcs éoliens
L’Égypte dispose d’abondantes ressources en énergie éolienne, précisément dans la zone du golfe de Suez. Cette région est considérée comme l’un des meilleurs sites au monde, en raison des vitesses élevées et stables du vent. L’ouest de la zone du golfe de Suez offre les sites les plus prometteurs pour la construction de grands parcs éoliens, en raison des vitesses élevées du vent, qui se situent entre 8 et 10 mètres/seconde en moyenne, et compte tenu de la disponibilité d’une grande zone désertique inhabitée.
Le gouvernement s’était fixé pour objectif de créer environ 7 200 MW de capacité d’énergie éolienne jusqu’en 2020.Plusieurs parcs sont installés au golfe de Suez. Le parc de Zaafarana a une capacité de 545 MW et regroupe 700 turbines. Le parc de Gabal Al Zeit a pour capacité totale de 580 MW. Il est composé de trois centrales regroupant 290 turbines.
Le parc éolien du golf de Suez est installé par le secteur privé et produit 250 MW d’électricité.
Récent, le parc éolien de Ras Ghareb, a une capacité de 262,5 MW. L’infrastructure est la première de ce type construit dans le cadre d’un schéma BOO (Build, Own, Operate). Il a été choisi par le magazine ENR comme meilleur projet dans le domaine de l’énergie.
Centrales solaires
Le plus grand complexe d’énergie solaire dans le monde est celui installé à Benbane à Assouan. C’est un énorme complexe regroupant 32 centrales solaires. En mars 2018 la première tranche du projet fut inaugurée. La première unité de production, d’une capacité de 64 MW, a été mise en place par la compagnie allemande Ib Vogt GmbH, en collaboration avec l’Egyptian Solar Systems. A terme, le parc de Benbane devrait représenter une superficie de 36 km².
« Dans cette centrale, il y a 200.000 panneaux solaires et 780 traqueurs solaires qui permettent aux panneaux de suivre le mouvement du soleil tout au long de la journée. Les installations qui s’étalent sur environ 95 hectares produiront l’équivalent de la consommation de 20.000 ménages», a affirmé Amine Al-Edghiri, directeur du projet de la compagnie allemande, selon Bloomberg.
D’autres partenaires participeront à la réalisation de la totalité du projet. EDF Energies Nouvelles et le Groupe Elsewedy Electric construiront et exploiteront d’autres éléments de ce complexe photovoltaïque.
Pour développer cette impressionnante superficie de panneaux photovoltaïques, l’Egypte a passé un accord avec le groupe chinois China’s GCL Group pour la fabrication sur le sol égyptien de panneaux solaires.
Outre le complexe de Benbane, une centrale solaire est installée à Koraïmate à Hélouane. Sans oublier la centrale solaire de Kom Ombo mise en place en coopération avec l’AFD.
L’Hydrogène vert
L’Egypte vise une consommation d’énergie plus durable. Le pays multiplie les efforts pour produire de l’hydrogène vert. Le début était en 2021 lorsque la société allemande d’ingénierie Siemens a annoncé qu’elle va développer des projets d’hydrogène vert pour une potentielle exportation depuis l’Egypte. Cela, dans le cadre d’un protocole d’accord signé avec la société holding d’énergie.
Les deux parties se sont également accordée sur un projet pilote capable de générer entre 100 et 200 MW d’énergie. Les plateformes de production d’hydrogène vert fonctionneront à partir de l’électrolyse de l’eau alimentée par des énergies renouvelables.
Comment obtenir l’hydrogène vert ? L’apport d’énergie électrique via deux électrodes, plongées dans de l’eau en milieu basique (ou de l’eau acidifiée), reliées aux bornes d’un générateur de courant continu, permet la décomposition de l’eau et la création de dihydrogène, selon la réaction : 2 H2O → 2 H2 + O2
Dans quel cas cet hydrogène décarboné est-il « vert » ? Tout dépend de la source d’électricité. Si elle provient d’une centrale à charbon, d’une centrale à fuel lourd ou au gaz, cet hydrogène sera gris ! Si la source d’électricité est elle-même décarbonée et renouvelable, courant électrique provenant de barrages hydrauliques, d’éoliennes ou de panneaux solaires, on parle d’hydrogène vert.
Le nucléaire, de l’énergie propre
L’Égypte possède les potentiels et les cadres qui lui permettent de se lancer dans le domaine des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire. Cette dernière serait un des piliers du développement durable du fait qu’elle est classée comme une énergie propre ou à faibles émissions.
Avec la signature de l’accord avec la Russie, en novembre 2015, l’Égypte est entrée dans une nouvelle ère pour commencer à réaliser ses ambitions nucléaires. Le but est de diversifier les sources d’énergie pour atteindre les objectifs de la stratégie de développement durable option 2030″.
« L’Égypte n’obtiendra pas uniquement une centrale d’énergie nucléaire, voire elle aura la meilleure, la plus sécurisée et équipée des plus modernes techniques et technologies à l’instar de celles opérant en Russie ou à l’étranger », avait affirmé Grigory Sosin, directeur du projet de la Centrale de Dabaa, également vice-président de l’entreprise russe Atomstroyexport.
La coopération nucléaire entre la Russie et l’Égypte remonte à l’année 2015, avec la signature de l’accord portant sur la construction de petits réacteurs de recherches, ouvrant la voie à la construction de la centrale nucléaire, a-t-il ajouté, se réjouissant d’avoir pris part au développement de la première station en Égypte dans le gouvernorat de Matrouh, au nord du pays.