Quand l’art dévoile sa vérité








Il y a des instants où l’on croit être témoin d’un simple événement, et pourtant, on assiste à une révélation. Ce jour-là, en quittant une réunion interminable au sein du département de décoration de la faculté, une agitation inhabituelle attira l’attention. Devant la grande salle d’exposition, une foule compacte de jeunes étudiants formait une barrière presque infranchissable. Une effervescence palpable flottait dans l’air.
En forçant le passage, la surprise fut totale. Les murs entiers de la salle étaient recouverts de dessins, d’esquisses, de paysages et de portraits. Chaque centimètre de cet espace vibrait sous le trait de crayon et le souffle du pinceau. Une immersion inattendue dans l’univers du talentueux Mourad Darwish, maître de la peinture et enseignant au département des arts visuels.
Une exposition née du quotidien
Mourad Darwish n’a pas exposé de toiles prestigieuses ni d’œuvres spécialement conçues pour impressionner. Il a choisi de donner à voir le cœur même de sa pratique : les feuilles sur lesquelles il enseigne, les croquis de son atelier, les études préparatoires qu’il partage avec ses élèves, qu’ils soient en cursus académique ou en formation libre. Des rues esquissées à la hâte, des visages gravés d’un simple trait, des maisons, des places, des bâtiments, autant de fragments de vie figés sous la main du maître.
L’authenticité de cette démarche bouleversa l’atmosphère de la salle. Les visiteurs n’admiraient pas seulement des œuvres, ils plongeaient dans le processus créatif, là où chaque ligne raconte une réflexion, chaque ombre une hésitation, chaque annotation un enseignement. Certains dessins portaient encore les consignes de cours, des remarques griffonnées, des indications précieuses pour apprendre à regarder, à saisir l’instant.
L’éloge du geste et de la transmission
À travers cette exposition, Mourad Darwish lança un message fort : l’art n’est pas qu’une finalité, c’est un chemin. Dans un monde où les nouvelles technologies et les logiciels de création dominent, il rappela avec force que l’essence des Beaux-Arts réside dans la maîtrise du geste, dans l’intimité du trait, dans l’épure d’un croquis à main levée. Peu importe les avancées numériques, la main de l’artiste restera toujours le premier et le plus fidèle des instruments.
Un paradoxe éclatant frappa les visiteurs : alors que la majorité des œuvres étaient réalisées au crayon ou à l’encre noire, un éclat de vie et d’émotion envahissait l’espace. Le noir et blanc vibrait d’une intensité inégalée, une énergie pure transcendait chaque coup de crayon.
Ce jour-là, dans cette salle transformée en temple du dessin, Mourad Darwish ne s’est pas contenté d’exposer des œuvres. Il a offert un regard, un hommage à l’apprentissage, et une ode à la passion brute.
Un murmure traversa la foule en quittant l’exposition : « Merci, Mourad Darwish. Tu nous rappelles pourquoi l’art est vivant. »