Par Alia Abu El-Ezz
Mohamed Attiya a commencé sa carrière dans l’industrie du cinéma en 2001, en tant que directeur artistique et chef décorateur.
A l’âge de 22 ans, Attiya a travaillé sur 14 longs métrages, plus de 3.000 publicités télévisées, des séries télévisées, ainsi que des programmes télévisés et des clips musicaux. Tout au long de sa carrière, Attiya a travaillé avec les réalisateurs égyptiens les plus célèbres. Il a collaboré avec Marwane Hamed dans 4 films dont The Blue Elephant 2, qui est le film le plus rentable jamais réalisé dans le cinéma égyptien. Il a également travaillé avec Tarek Al-Ariane dans 4 films dont Welad Rizk, dans ses deux parties, ainsi que plusieurs autres films avec Mohamed Khan, Youssry Nasrallah, Ahmed Alaa.
Il a fait ses débuts au théâtre avec Mohamed Yassin dans la série télévisée Afrah El Oba en 2016. Son travail lui a valu plus de 20 prix. En plus, Attiya a élargi son champ d’action à la conception et à la production d’événements depuis 2018. Il est maintenant l’un des plus importants concepteurs de production événementielle en Égypte, connu pour son originalité, sa modernité et son souci du détail.
L’Allée des Béliers de Louxor a bénéficié, après sa remise à neuf, d’une inauguration en grande pompe. Ce chemin long d’environ trois kilomètres, qui relie les mythiques temples d’Amon et de Karnak, avait perdu de sa splendeur au fil des siècles mais, grâce à plusieurs années de restauration, les quelques mille statues de sphinx ont retrouvé leur place, et s’apprêtent à veiller sur les touristes. La célébration, qui a pris la forme d’une spectaculaire procession, a été inspirée par une véritable fête antique.
Une super production avec des centaines de danseuses et danseurs en vêtements pharaoniques accomplissant la procession entre les temples de Karnak et de Louxor et portant sur des barques dorées les statues des dieux Amon, Mout et Khonsou. Une mission très difficile mais splendide. Les 3 dernières éditions du Festival international du Film du Caire, la 3e édition du Festival du Film d’El-Gouna, les 2 dernières éditions du Forum Mondial de la Jeunesse, la Cérémonie d’inauguration de la Mosquée et de l’Eglise de la Nouvelle Capitale, et enfin la parade dorée des momies royales qui s’est tenue en avril 2021, au cours de laquelle 22 momies royales ont été transférées du Musée Egyptien de Tahrir au Musée National de la Civilisation égyptienne à Fustat. Tels sont les travaux du designer Mohamed Attiya, qui grâce à son expérience et sa compétence dans ce domaine, a été choisi pour mener cette importante mission : la direction de la production et du design de la cérémonie du transfert des momies à Fustat ainsi que la célébration de l’Allée des Béliers à Louxor. L’ingénieur Mohamed Attiya a expliqué en détail, les efforts déployés derrière les coulisses pour organiser ces glorieuses cérémonies admirées et appréciées par tout le monde. « Les performances artistiques ont été inspirées de la civilisation pharaonique et du folklore de la ville de Louxor… », a indiqué Mohamed Attiya, ajoutant : « Nous avons imité les formes des bateaux à l’époque des pharaons.
Les scènes présentées à la cérémonie sont symboliques, inspirées des dessins sur les murs des temples ». «L’idée du lac sacré était, au début, très simple, puis elle s’est développée. Cela nous a pris beaucoup de temps…», soulignant que cette scène est dépourvue de graphisme. « Là on s’est référé à l’histoire des prêtres qui, à l’époque, avaient l’habitude de se purifier dans le lac, avant les cérémonies et avant leur accès au saint des saints pendant les nuits au clair de lune…
Une grande lune a été construite
« D’où j’ai eu l’idée du lac sacré, en construisant une grande lune autour de laquelle les filles dansent… l’escalier au milieu, et les rampes des deux côtés…, c’est l’incarnation d’Ankh, qui est pour les pharaons le clé de la vie, représentant le Nil, le nord et le sud du Delta. ». Cette cérémonie exprime « la vie, contrairement à celle des momies qui montre le sacré des pharaons pour la mort et le transfert des momies à leur dernière demeure ». Des bateaux ont servi de scènes flottantes sur lesquelles a eu lieu le somptueux spectacle devant le temple d’Hatchepsout sur la rive ouest de Louxor. Une cinquantaine de calèches décorées et illuminées ont défilé le long de la corniche accompagnées de troupe de danse. « Le grand bateau au milieu du Nil autour duquel se trouvent d’autres bateaux éclairés représente la fête d’Opet ». « Les préparations de la cérémonie des momies ont pris plus de temps que celles de l’Allée des Béliers de Louxor, vu que la parade des momies royales a été ajournée plusieurs fois. Tandis qu’à Louxor la durée était plus courte. On n’avait que deux mois pour l’accomplissement des préparations, le commencement du design, la production artistique, les essais qui précèdent la célébration, et enfin la photographie de l’événement… », commente Attiya. « Étant une ville loin du Caire, on pourrait dire que les travaux à Louxor étaient plus difficiles que ceux de la parade des momies. Au Caire, le travail était restreint dans des endroits précis : Du Musée de Tahrir au Musée de la civilisation à Fustat. ». “Toute l’équipe de travail venait du Caire, mais on a eu recours à quelques assistants de Louxor” a-t-il ajouté. Le designer poursuit en disant : “Nous avons fait face à certaines complications, car nous avons transporté tous les outils et les matériaux du Caire”, affirmant que les travaux à Louxor se sont étalés sur plusieurs endroits, à savoir le côté Ouest et le côté Est, et les musées partout dans la cité.
Relier les Egyptiens à leur passé
« Ce qui caractérise notre travail c’est l’esprit d’équipe. Il s’agit d’un groupe de travail, on ne dépend point d’un individu mais du groupe», explique Attiya. « La coordination, ajoutet-il, représente l’élément le plus important dans notre mission. Notre équipe est formée d’un designer, d’un réalisateur, d’un directeur de photographie, des producteurs, qui organisent tous les détails sur place, d’une équipe pour l’éclairage, et d’une autre pour les accessoires ». Il souligne que « la compagnie principale de l’organisation de l’événement, est la responsable à l’origine de la coordination, et c’est elle qui nous a attribué les travaux de préparation. Elle a aussi la responsabilité de coordonner entre tous les secteurs pour garantir que les préparations s’effectuent conformément au plan du projet ». Attiya poursuit que « nous avons bénéficié des facilités de la part des différents secteurs tels que le gouvernorat de Louxor, le ministère de l’Intérieur, le ministère du Tourisme et des Antiquités, des Universités qui ont mis des étudiants à notre disposition pour aider dans les travaux ». « Ces événements ont une importance primordiale car, premièrement, ils relient les Égyptiens à leur passé afin d’éliminer l’écart entre les générations actuelles et leur ancienne histoire. Deuxièmement, ils contribuent à la promotion du tourisme, le secteur ayant extrêmement profité de ces cérémonies, ainsi qu’à la prospérité de la langue hiéroglyphique ». « Louxor, un lieu déjà hautement touristique, tous les hôtels de Louxor affichaient complet pour l’inauguration ». Le but de la cérémonie était non seulement d’inaugurer l’Allée des Béliers mais surtout de déclarer la ville Louxor « musée à ciel ouvert» Le défi auquel nous avons fait face était en premier lieu le « temps » et aussi la « volonté » de faire sortir pour le monde une cérémonie à l’instar de celle des momies qui a réalisé un large succès. C’est pourquoi on a été soumis à une grande pression pour satisfaire les attentes du public. « Parmi les incidents indésirables survenus, figure l’accident du bateau fabriqué spécialement pour la parade mais qui s’est cassé à la suite d’une tempête, 4 jours avant la cérémonie. « C’était un cauchemar, j’étais désolé, mais heureusement nous avons pu reconstruire un autre pendant le court laps de temps qui restait.» “J’espérais profiter au maximum de ces événements, à titre d’exemple, les cars qu’on a fabriqués pour le transport des momies, on aurait dû les exposer comme des souvenirs et les vendre aux musées. C’est la même chose pour le bateau sacré apparu au Festival de Louxor. « Je souhaite organiser un événement annuel, comme le carnaval, à Louxor, inspiré de la parade de la cérémonie mais qui se déroulera dans les rues où dans les bateaux ce qui attirerait les touristes à visiter Louxor… ».