En Egypte Antique, le système d’écriture était fondé sur l’utilisation de hiéroglyphes, qui sont des pictogrammes sous formes de dessins qui servent d’alphabet. Etymologiquement, ce mot dérive des mots hierós et glúphein, ce qui signifie sacré pour le premier, et graver pour le second.
Les hiéroglyphes sont figuratifs, c’est-à-dire qu’ils représentent des êtres ou des objets de l’univers pharaonique sous forment d’images, si bien que même un profane peut identifier du premier coup d’œil, par exemple, un oiseau ou une barque. Les Egyptiens s’inspirèrent donc de leur environnement proche pour leur système d’écriture.
I) Histoire et évolution
a)Un système ancien
Les hiéroglyphes ont été utilisés du début du 4ème millénaire avant notre ère jusqu’à l’époque romaine, la dernière inscription connue à ce jour datant de 394 et se trouvant dans le temple de Philae 3. Les hiéroglyphes constituent ainsi un des plus longs systèmes d’écriture n’ayant jamais existé puisque perdurant sur 3000 ans. Mais, comme seulement 1 à 4% de la population d’alors était lettrée, les hiéroglyphes étaient l’apanage d’une élite, notamment de la classe des scribes.
b)La genèse des langues actuelles
Les signes hiéroglyphiques sont presque innombrables à l’instar des sinogrammes: À l’époque de l’Ancien, du Moyen et du Nouvel Empire, il existait environ 700 signes hiéroglyphiques, et même plus de 6000 à l’époque gréco-romaine. L’écriture égyptienne n’est plus utilisée dans aucune des langues actuelles, mais aurait peut être donné naissance à l’alphabet phénicien, qui sera à l’origine des alphabets successifs, jusqu’aux caractères latins.
c)La fin des hiéroglyphes ?
La connaissance des hiéroglyphes se perdit avec la fermeture des lieux de culte païens par l’empereur Théodose. Et c’est seulement avec la pierre de rosette et le génie de Champollion qu’on retrouvera ensuite la signification des hiéroglyphes et il faudra la chance exceptionnelle de trouver la pierre de Rosette ainsi que le génie de Jean-François Champollion.
II) Sens de lecture
Les hiéroglyphes se lisent habituellement de droite à gauche, mais peuvent également se lire de gauche à droite ou de haut en bas ; le seul moyen de connaître le sens de lecture est de regarder la direction de certains hiéroglyphes, par exemple la direction du regard des animaux ou des humains.
III) Une écriture figurative
Le système hiéroglyphique est figuratif, s’inspirant de la nature – il existe en effet des hiéroglyphes chouette ou encore cobras… Les hiéroglyphes pouvaient être sculptés, surtout dans un contexte esthétique ou de valeur rituelle, comme dans les fresques funéraires ou les textes religieux. Ils sont également utilisés sur des papiers de papyrus.
Il peut arriver que dans un même tableau, un même signe soit utilisé comme pictogramme et en dessin. Trois critères permettent de distinguer le signe d’écriture de la simple représentation :
a) Le calibrage
Les proportions respectives des hiéroglyphes ne correspondent nullement aux proportions réelles des êtres et objets dont ils sont les images.
b) La densité de l’agencement
Il n’y a pas de séparation entre les mots et les phrases. Les hiéroglyphes sont disposés de manière à occuper le plus possible l’espace alloué, étant répartis en quadrats, unités idéales divisant cet espace, et dont ils occupent le quart, le tiers, la moitié ou la totalité selon leur morphologie et leur entourage.
c) L’orientation
Dans une même ligne ou dans une même colonne, les signes représentant des êtres animés et, plus généralement, les signes dissymétriques sont tous orientés dans la même direction, qui est celle du point de départ de la lecture. Cette lecture peut se faire de droite à gauche ou de gauche à droite, horizontalement, et aussi verticalement de haut en bas, chaque groupe se lisant de droite à gauche ou de gauche à droite. Il y a donc quatre types majeurs d’agencement des signes.
IV) Une écriture harmonieuse
L’égyptien ne distingue pas les mots par un quelconque signe, ce qui rend particulièrement difficile de distinguer les mots et les différentes phrases. Les hiéroglyphes sont écrits de manière à être répartis harmonieusement dans un carré virtuel (c’est-à-dire non tracé), ou quadrat. Et, pour éviter qu’un quadrat ne soit incomplet, on inverse parfois des signes afin de rendre l’ensemble plus compact. De même, dans un souci d’esthétique, on choisit avec soin les compléments phonétiques, quoiqu’il y ait redondance ; on peut également omettre des signes, notamment ceux ayant une moindre importance, comme par exemple le phonème J. Le redoublement d’un signe indique son duel, le triplement son pluriel.
Les signes désignant les dieux sont placés en tête d’énoncé, de syntagme ou de mot composé, par antéposition honorifique (inversion respectueuse).
IV) Les hiéroglyphes : combinaison de 3 types de signes
Le système hiéroglyphique est fondé sur la combinaison de trois catégories de signes : les phonogrammes, les idéogrammes et les déterminatifs.
a) Les phonogrammes
Le système hiéroglyphique est en partie phonétique, c’est-à-dire que nombre de signes correspondent à un son fondamental (phonème). Analogue au rébus, les hiéroglyphes n’utilisent pas une image pour ce qu’elle représente, mais pour la valeur phonétique qu’elle représente. Ainsi une main pourra être utilisée simplement pour désigner la lettre D.
Les phonogrammes n’écrivent que les consonnes, bien qu’aujourd’hui, on intercale des e ou des o conventionnels pour faciliter la lecture des hiéroglyphes. Les phonogrammes sont de trois types : les premiers n’écrivent qu’une consonne, et sont au nombre de 24 ; les seconds représentent deux sons, et sont au nombre de 90 ; enfin, des phonogrammes peuvent désigner 3 consonnes, et leur nombre atteint 60.
b) Les idéogrammes
Les idéogrammes saisissent un mot de manière globale. Ceci peut être direct, par exemple le symbole d’une main qui désigne bien évidemment une main (le D), mais peut également être indirect, comme dans le cas du nom du dieu Horus, qui est écrit avec son attribut animalier, le faucon.
c) Les déterminatifs
L’égyptien, on l’a vu, n’écrit que les consonnes. Or, par exemple, il existe une vingtaine de mots différents en égyptien antique s’écrivant de la même manière ” NFR “. Dès lors, pour indiquer le champ lexical des mots, l’égyptien antique a recours à des déterminatifs, placés en fin de mot, afin de faciliter la lecture du texte en question. Par exemple, tout ce qui implique l’idée de violence est déterminé par le bras armé, souvent combiné avec la croix, si s’adjoint l’idée de cassure. En outre, le déterminatif a l’avantage de délimiter les mots dans l’égyptien antique, car en égyptien antique, les mots s’écrivent à la suite, sans blanc ou signe de ponctuation. Et, il arrive dans la retranscription en français des hiéroglyphes qu’un a soit retranscrit en â, tel que dans Hâpy.
V) Des interprétations complexes
De plus, les hiéroglyphes sont des systèmes complexes ou chaque caractère peut être interprété de différentes façons selon le contexte, d’autant plus qu’il n’est pas rare que des mots aient changé de prononciation par rapport à l’ancien égyptien : dans ce cas, il n’est pas rare que l’écriture adopte un compromis dans la notation, les deux lectures étant indiquées conjointement. Enfin, il faut savoir que l’écriture égyptienne note souvent un mot suivi de plusieurs caractères notant les mêmes sons, afin de guider la lecture.
VI) L’orthographe de l’égyptien antique
Il faut savoir qu’il peut exister plusieurs variantes de chaque mot, rendant ainsi quelque peu anachronique le concept d’orthographe, dans une langue, où il y a, on l’a déjà vu, des redondances, mais également des omissions de hiéroglyphes ; mais encore des substitutions d’un hiéroglyphe à un autre, voire même parfois des erreurs et des omissions dans le tracé des signes…
Les hiéroglyphes constituent un des premiers systèmes d’écriture de l’humanité, et une fois leur interprétation, après Théodose, oubliée, ce n’est que par un génial Champollion et la Pierre de Rosette qui auront permis de percer un secret millénaire.
De plus, l’égyptien antique semble avoir été, directement ou indirectement à l’origine des alphabets successifs qui lui succèderont, jusqu’à l’alphabet utilisé aujourd’hui. Notre langue est donc d’une certaine partie redevable de l’Egypte Antique.