Leurs visages sont tristes, sombres mais très expressifs, quant à leurs regards, ils sont fixés sur l’éternité divine. Ce sont des peintures sur bois, les plus anciens portraits peints sur bois, qui étaient fixées sur le linceul à l’emplacement du visage du défunt. Ils sont romains par le style, les détails vestimentaires et la coupe du visage. Il s’agit de bois du figuier sycomore, et sur le lin, à l’encaustique ou à la détrempe. Les visages sont généralement en trois quart de taille.
Etagés entre le 1er et la fin du IVème siècle après Jésus-Christ, ces portraits étaient témoin de la fusion des éléments pharaoniques avec un esprit et un style gréco-romains.
En effet, les portraits funéraires sont considérés par des égyptologues comme un moyen permettant de montrer les visages de ceux qui vivaient en Égypte il y a des milliers d’années, au temps de l’Empire romain. Ils sont peints pour honorer les morts, révèlent comment les arts égyptien, romain et grec se sont rencontrés, donnant lieu à une culture hybride qui ne cesse de fasciner les archéologues et les visiteurs de musée. Ces portraits proviennent de différents musées égyptiens, notamment du Musée des antiquités égyptiennes et du Musée copte du Vieux Caire.
Du fait, lesdits portraits ont été découverts par l’archéologue britannique Flinders Petrie en 1887.Il a débuté les fouilles sur le site de la pyramide d’Hawara, près de l’oasis du Fayoum en Égypte. Et au lieu de découvrir des tombes, il mit au jour une nécropole de l’époque romaine, du 1er siècle après J.-C.
Dans l’une des tombes, il trouva un portrait « magnifiquement réalisé d’une fille, dans les tons gris clairs, digne du classicisme à la fois d’un point de vue stylistique et technique. ».
Ils ont été découverts dans différents sites de l’époque gréco-romaine, comme ceux de Kom Ouchim, l’ancienne cité de Karanis, KomEl-Asi, Crocodilopolis qui était la ville des crocodiles près de Fayoum, la cité de Tebtynis dans le sud de l’oasis avec ses vestiges gréco-romains et chrétiens, etc.
La palette de couleurs
Les archéologues ont précisé deux techniques de peinture utilisées pour la réalisation de ces portraits peints. Certains auteurs notent cependant le caractère plus réaliste de la technique de l’encaustique, qui était la peinture la plus connue de ces temps, dans la restitution des carnations contrairement à la technique de la détrempe, qui est caractérisée par quelque chose de plus plat et graphique.
Cette dernière est un genre de peinture soluble dans l’eau. Les peintres utilisées sont composée de quatre couleurs principales. Cette palette de base, qui est composée de quatre couleurs : le blanc, le noir, le jaune et le rouge, est complétée par d’autres couleurs, moins fréquentes, et par de la dorure. Cette palette, qui peut être nuancée au besoin pour donner des tons plus subtils, est surtout utilisée pour représenter les traits du visage et les cheveux. Les couleurs ne sont pas appliquées partout sur le portrait de la même manière. La règle générale est de travailler du plus foncé au plus clair.
Ces portraits représentent le visage du défunt, toujours de face. Ils seraient la fusion entre les éléments pharaoniques des sarcophages et le style gréco-romain. La confection de ces portraits s’étale entre le 1er siècle après Jésus-Christ et la fin du IVème siècle de notre ère.
Dans l’art pharaonique, les visages étaient représentés de profil. Tout au contraire, dans les portraits du Fayoum, les visages sont toujours de face. Toutefois, dans l’art pharaonique une exception a été trouvée avec la découverte à Saqqarah d’une représentation du dieu Osiris avec les déesses Isis et Nephtys dont les visages et les corps sont de face, ce qui est exceptionnel.
Ces portraits représentent l’ultime évolution des sarcophages et masques funéraires, avec une influence évidente de l’art romain, et permettent ainsi de retracer l’évolution des techniques picturales d’époques ptolémaïques et romaines et renseignent sur les modes vestimentaires et sur les usages de cette période.