Par Samir Abdel-Ghany
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Il est des artistes qui, par leur simple trait de pinceau, transportent le spectateur au-delà de la toile, dans un monde où la couleur se fait langage, où la lumière devient murmure et où chaque ombre recèle un secret ancien. Moustafa Rahma est de ceux-là. Sa dernière exposition, plus qu’une simple présentation de tableaux, est une invitation à la rêverie, un passage vers un univers où le mythe et la réalité se confondent.
Un magicien des couleurs et des symboles
Lorsque l’on pénètre dans la salle d’exposition, on ressent immédiatement une énergie particulière. Ses œuvres, déjà fascinantes dans l’intimité de son atelier, prennent une dimension mystique une fois installées sous les lumières de la galerie. Chaque toile semble porter une empreinte secrète, un message murmuré à ceux qui prennent le temps de l’écouter. Moustafa Rahma n’est pas qu’un peintre, il est un conteur qui donne vie à des mythes oubliés, un alchimiste des formes et des teintes.
L’écrivain Khaled Montasser, bouleversé par la puissance de l’exposition, résumait ainsi son impression :
“Moustafa Rahma… finesse d’expression, richesse des couleurs, symbolisme profond, imagination sans limites et une audace qui brise les frontières du conventionnel. Ton art est un amour éternel.”
Chaque œuvre est une fenêtre ouverte sur un monde parallèle, une “jungle chromatique” où la lumière danse avec l’ombre, où les symboles murmurent à l’oreille du spectateur. Mohamed Morsi, critique d’art, évoque la force hypnotique de ses compositions :
“Certains artistes influencent votre humeur, d’autres changent votre vision du monde. Mais rares sont ceux qui, comme Moustafa Rahma, parviennent à métamorphoser celui qui contemple leur œuvre. Une toile de Rahma, c’est un voyage dont on ne revient jamais tout à fait le même.”
L’art comme révélation
L’exposition, fruit de deux années de travail acharné, est une fresque d’émotions et de questionnements. Mohamed Younes, homme de lettres et amateur d’art, compare l’expérience à une plongée dans un temple sacré :
“Nous sommes entrés dans la grotte de Moustafa Rahma et nous n’en sommes pas ressortis comme nous y sommes entrés. Tes toiles résonnent comme des symphonies jamais entendues, racontent des histoires que seuls Idris et Ibrahim auraient pu coucher sur le papier.”
Ce qui frappe chez Rahma, c’est son attachement à ses racines. Loin des influences occidentales dominantes, il puise dans la lumière d’Akhenaton, dans les motifs du Haute-Égypte, dans les figures des momies de Fayoum. Son art n’imite pas, il invente. Il ne cherche pas à reproduire les symphonies visuelles de Picasso, Modigliani ou Kandinsky, mais compose plutôt ses propres oratorios chromatiques, à la manière d’un Yanni peignant avec des pinceaux de musique.
Une œuvre qui parle à l’âme
La critique Iman Khattab, fascinée par l’approche singulière de Rahma, souligne une dimension rare dans son œuvre :
“Son art fusionne l’innocence du regard enfantin et la profondeur du maître accompli. Il parvient à faire dialoguer les couleurs et les formes avec une légèreté trompeuse, révélant en réalité une réflexion profonde sur le monde.”
Et si la véritable magie de cette exposition résidait dans la lumière elle-même ? Comme un hymne à l’espoir, Rahma fait du jaune solaire le fil conducteur de son univers. Couleur de la vie et du renouveau, il illumine ses toiles comme pour conjurer les ombres du présent. Ses tableaux sont des fenêtres ouvertes vers un avenir plus lumineux, des prières chromatiques dédiées à cette ancienne religion qu’est l’optimisme.
Un art aussi vibrant ne pouvait naître que d’un homme d’une culture encyclopédique, un esprit libre qui refuse les limites du cadre et les carcans du dogme. Ses amis, ses admirateurs, ses critiques, tous écrivent sur lui avec la même passion, comme si son œuvre les obligeait à redécouvrir leur propre langage intérieur.
Car c’est peut-être là, le plus grand talent de Moustafa Rahma : nous obliger à voir au-delà de ce que nous croyions connaître. À travers ses toiles, il ne peint pas seulement le monde, il nous peint nous-mêmes, dans toute la complexité de nos rêves et de nos désirs inachevés.