A la fin du XIVème siècle, le sultan Qaïtbaï offrit à son chef de l’armée, Seif Eddine Ben Azbak, une parcelle de terre à proximité du lac «Batn el-Bakara», sur laquelle il fit construire une maison et une promenade qui portèrent son nom «Azbakieh» En 1495, Azbakieh devenait un grand quartier au centre-ville du Caire. A l’époque ottomane, Radwan Katokhda fit construire dans ce quartier un somptueux palais du côté Est de ce lac, baptisé «El-Attaba el-Zarka». C’est à partir de la place Azbakieh que la population du Caire manifesta en 1805 pour faire allégeance à Mohamed Ali comme gouverneur d’Egypte. Mais c’est en effet le Khédive Ismaïl Pacha qui est le bâtisseur de l’Azbakieh moderne. L’endroit était abandonné jusqu’au retour d’Ismaïl de Paris en 1867 où il a été ébloui par son style urbain, ses rues et ses parcs. Ismaïl Pacha donna des instructions en 1869 pour faire de l’Azbakieh un quartier moderne. Il a alors fait combler le lac, qui était situé au centre de la place Azbakieh, et fit construire à l’emplacement par un architecte français le merveilleux parc d’Azbakieh qui était d’une superficie de 18 feddans. Le parc était entouré de grilles de fer et de béton. Quatre portes avaient été installées dans ses quatre flancs. Au début, Ismaïl y fit construire des promenades et des jardins à la parisienne où il était permis aux passants de se promener le soir seulement en écoutant des groupes de musique occidentale jouer toute la nuit. Les jardins étaient très fréquentés grâce aux activités théâtrales et musicales par des communautés étrangères notamment française. La région d’Azbakieh comprenait à l’époque un grand nombre d’hôtels de luxe dont Shepherd, Continental, Windsor, Eden Palace ainsi que l’Opéra khédivial. Considéré comme le monument le plus emblématique du règne d’Ismaïl Pacha, l’Opéra fut construit par l’architecte Avoskani, à la place du vieux palais du prince Azbak. Le Théâtre de la Comédie Française est le premier théâtre construit dans le jardin situé au sud de la place Azbakieh. Le théâtre était construit en bois et richement embelli de l’intérieur avec de très belles toiles. L’entrée était faite de deux grandes portes, une à gauche pour le Khédive et une à droite pour les dames.