
Si vous voulez éviter d’être la cible d’une tempête linguistique digne des meilleures joutes verbales du Caire, ne soyez pas une source de chaos ! Car en Egypte, quand on veut vous remettre à votre place, on a l’embarras du choix face au niveau d’expressions percutantes.
Mafich dam – Le sang-froid…
ou l’absence totale de sang !
L’expression “mafich dam” signifie littéralement “il n’y a pas de sang”. Mais ne vous méprenez pas, personne ne parle ici d’une soudaine anémie. Selon le contexte, cela peut vouloir dire que quelqu’un est insensible, totalement imperméable aux émotions, voire carrément sans cœur. Exemple typique : celui qui regarde un chaton abandonné sans sourciller. Honte à lui, mafich dam !
Autre usage : en cas de dispute, si la scène ne finit pas en bain de sang, on peut aussi dire “mafich dam”. En clair, la baston n’était pas si méchante, juste un petit échauffement.
Yétafesh balad – La capacité inégalée à vider une pièce… ou un pays !
Quand on vous dit que quelqu’un “yétafesh balad”, comprenez qu’il a le don rare de faire fuir tout un peuple ! Ce n’est pas juste une personne désagréable, non, c’est une calamité sur pattes. Imaginez une conversation où, dès qu’elle ouvre la bouche, tout le monde se trouve soudainement une urgence ailleurs. Pire encore : le terme “balad” signifiant “pays”, on sous-entend que cette personne pourrait, à elle seule, provoquer un exode national. Une prouesse.
Hafez mish fahem – Répéter
sans comprendre, un sport juvénile
L’un des plus grands classiques du dialecte cairote : “hafez mish fahem”. En clair : réciter par cœur sans rien piger. On connaît tous quelqu’un qui récite des théories compliquées sans en saisir le moindre mot, comme un perroquet qui aurait appris une thèse de doctorat. Cette expression s’adresse donc à ceux qui ânonnent des formules savantes sans les comprendre ou répètent bêtement ce qu’ils entendent sans jamais questionner. Moralité ? Réfléchissez avant de parler, ou au moins, essayez…
Les perles de la sagesse populaire
Kheirha fi ghirha –
“Le bien viendra d’ailleurs”
Quand un projet tombe à l’eau, pas de panique ! “Kheirha fi ghirha”, autrement dit, si ce n’est pas cette fois-ci, ce sera une autre. Une belle manière de relativiser, ou de consoler quelqu’un qui vient de rater son bus, son entretien… ou son mariage !
Al-alem fi al-ras mish fil korasse – “Le savoir est dans la tête, pas dans le cahier”
Avec les examens qui approchent, les étudiants connaissent bien cette expression. Elle sert généralement à justifier l’absence totale de révisions : après tout, “al-alem fi al-ras mish fil korasse”, donc pourquoi s’embêter à ouvrir un livre ? Une excuse audacieuse… mais rarement efficace face aux profs !
Moralité de tout cela ? Le dialecte égyptien regorge de formules aussi piquantes qu’imaginatives. Alors, usez-en avec finesse… ou préparez-vous à en être la cible !