Une créature effrayante vous piste dans un manoir. Brusquement, une dague vous transperce. Vous pouvez quasiment la ressentir vous embrocher. Vous hurlez en mode 3.0, ce qui rameute une troupe de vampires assoiffés de sang.
Fort heureusement, votre coéquipière Roxane, tel un ange bionique, vous tire de ce mauvais pas à l’aide de son vélo ultrasonique. Mais la dague est toujours profondément enfoncée dans votre cage thoracique.
Roxane vous la retire délicatement, vous applique instantanément une lotion à base de bave de limace fluorescente, ce qui vous résorbe la blessure instantanément, puis vous murmure : “Rien de tout ça n’est réel”.
Vous posez le casque ultra moderne qui donne accès à votre doublure virtuelle et vous vous précipitez dans la cuisine pour faire sortir la dinde qui cuit dans le four. Cette fois c’est la “vraie vie”. Bienvenue dans le métavers.
Après cette introduction digne d’un film de science-fiction, intéressons-nous concrètement à ce phénomène en ébullition. Alors que Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, prévoit de passer -durant cette décennie- d’un média social à une entreprise métavers (“metaverse” pour la version anglo-saxonne), de nombreux projets fleurissent autour de cette tendance. Mais qu’est-ce qui se cache derrière ? Le terme est une contraction des mots “méta” (qui fait référence à une vision d’ensemble) et “vers” pour “univers”.
Le mot désigne des espaces numériques bien plus poussés que la réalité virtuelle (VR) ou la réalité amplifiée. Il s’agit d’étendre notre réalité dans des espaces virtuels partagés, qui sont modélisés dans un environnement 3D.
Partager sa vie entre le réel et le virtuel est l’ambition du futur avec le métavers. Zoom sur un phénomène qui en est encore à ses premiers pas.
Le successeur de l’internet mobile
C’est ainsi que le patron de Facebook a présenté en juillet son ambition pour le métavers. Pour porter ce rêve de développer un univers d’interactions sociales, il prévoit la création de 10 000 postes dédiés en Europe, et la rumeur dit qu’il envisage de doter son réseau social d’un nouveau nom. Zuckerberg a déjà expérimenté la réalité virtuelle 3D avec son projet “Horizon Workroom” qui permet de suivre des réunions en réalité virtuelle grâce à des lunettes ultra développées. L’ambition du patron américain est claire : faire du monde de demain un mélange entre réel et virtuel.
Sommes-nous à l’aube d’une vie en 3D avec des casques de réalité virtuelle? Évidemment qu’en lisant ces lignes, nous pensons directement à un célèbre film de Steven Spielberg. Incarner un avatar dans un monde numérique permettrait de réduire les distances géographiques entre les individus. Nous pensons également au monde virtuel du très célèbre Second Life (un logiciel qui permet à ses utilisateurs d’incarner des avatars) lancé au début du millénaire mais qui a rapidement été mis aux oubliettes à cause de sa complexité et de sa lenteur. Imaginez-vous demain assister au concert en 3D d’Ed Sheeran, installé douillettement sur votre canapé ? Le métavers le permettrait. Assister à une réunion entre collègues-avatars dans un monde 3D ? Le métavers vous l’autorise. Visiter le musée du Louvre avec un guide tout en bronzant dans son jardin ? Ce serait possible. Nous ne surferons plus seulement sur le web avec des pages 2D mais nous vivrons une expérience immersive “dans” internet. C’est aussi excitant que terrifiant. En effet, le côté obscur de ce phénomène réside dans le potentiel renfermement sur soi-même incitant la population à vivre sa vie virtuellement au détriment de la vie réelle.
La vision de la société est de créer une plateforme immersive partagée, dans laquelle il est possible de vivre des millions d’expériences 3D, que ce soit pour apprendre, travailler, jouer, créer ou encore socialiser.
C’est quoi, un « métavers » ?
C’est l’autre nom de ce que Facebook décrit comme la « plateforme informatique du futur ». Il s’agit d’un univers virtuel fictif, dans lequel les individus pourraient évoluer dans des espaces persistants et partagés en trois dimensions. Ce serait une sorte de futur Internet, où l’on ne naviguerait plus en ligne en deux dimensions, à l’aide des navigateurs web, mais avec des avatars, de la 3D et des casques de réalité virtuelle.
Pour sa part, Facebook décrit le projet ainsi : « une nouvelle phase d’expériences virtuelles interconnectées utilisant des technologies telles que la réalité virtuelle et la réalité amplifiée. L’idée c’est qu’en créant un plus grand sentiment de présence virtuelle, l’interaction en ligne peut devenir beaucoup plus proche de l’expérience d’interagir en personne. »
Le concept de métavers est une notion que l’on pourrait retrouver à l’état embryonnaire dans les jeux multi-joueurs — qui disposent de mondes persistants — ou dans une version beaucoup plus avancée et futuriste dans le film de science-fiction Ready Player One, de Steven Spielberg, où les protagonistes enfilent des visières et des tenues haptiques pour rejoindre un monde hors du monde, l’Oasis.
En un mot
A l’horizon se dessine un avenir virtuel dans la vie de tout un chacun. Notre doublure virtuelle qui se cache déjà à travers des métadonnées gérées par les géants du web va-t-elle prendre vie sur nos écrans? Le développement des outils informatiques, la 5G, la démocratisation des crypto-monnaies, les conséquences sociales de la pandémie qui sévit, sont autant de facteurs qui pourraient précipiter l’avènement d’un métavers. A l’heure actuelle, nous ne savons pas encore si un seul métavers arrivera à se développer et s’imposera ou si plusieurs cohabiteront en tant que multivers. Les pouvoirs publics auront cependant du fil à retordre, que ce soit pour des questions économiques, sociales ou encore éthiques. La fusion d’un univers virtuel avec des composantes du réel sera tout de même très intéressante, ne serait-ce qu’à observer. Si vous voulez prendre part à cette technologie, jusqu’où irez-vous pour rendre votre doublure virtuelle la plus attractive possible? Qui sait, nous nous retrouverons peut-être vous et moi face à face dans un univers alternatif.