






Dans la douce lueur des nuits ramadanesques, il est des instants où les frontières s’effacent, où les cultures se répondent et où les âmes vibrent à l’unisson. Lorsque la musique et la spiritualité s’entrelacent, elles créent un langage universel, unissant les cœurs bien au-delà des distances géographiques.
Récemment, l’Egypte fut le théâtre d’un double voyage. Tandis qu’au Caire, la tradition islamique des Philippines se dévoilait en un festival de chants et de danses, Alexandrie résonnait des accents mystiques du Nil et de l’Atlas. Deux spectacles, deux univers, mais une même quête : celle de l’harmonie et de la ferveur, au croisement du sacré et du patrimoine Deux spectacles, deux voyages, un seul message : celui d’une communion des âmes à travers l’art et la foi.
L’âme philippine chante l’islam au Caire
Sur les planches du théâtre de l’Opéra du Caire, un souffle venu d’Asie a enchanté le public. En collaboration avec l’ambassade des Philippines en Egypte et le secteur des relations culturelles extérieures, une soirée unique a plongé les spectateurs dans la richesse du patrimoine islamique philippin.
La soirée s’est ouverte avec l’hymne national, suivi d’un court métrage évoquant l’histoire et la spiritualité de l’islam aux Philippines. Puis, les voix cristallines de la chorale philippine ont récité des versets du Coran, instaurant une atmosphère empreinte de recueillement.
Mais c’est la diversité des expressions artistiques qui a marqué les esprits. Entre chants traditionnels et danses séculaires, les spectateurs ont voyagé au cœur des différentes régions de l’archipel. Des mélodies de “Ramadan Jamîl” à l’émouvante “Héloua Ya Baladi”, en passant par les danses du Kapa Malong, du magnifique Asik ou encore de la fameuse danse de l’éventail, chaque performance portait en elle l’écho d’une culture où l’islam s’est teinté de nuances tropicales et insulaires.
L’Egypte et le Maroc unis par la ferveur du chant soufi
Pendant ce temps, à l’Opéra d’Alexandrie, un autre voyage prenait forme. La troupe égyptienne de la Hadra et le célèbre chanteur soufi marocain Jouad El Chari ont donné un concert d’exception intitulé “Madaih an-Nil wal-Atlas”, une nuit égypto-marocaine tissée de prières et de louanges mystiques.
Le premier acte fut une ode au répertoire soufi égyptien, avec des chants comme “Al-Muhammadiyya”, “Ya Jamal al-Woujoud”, “Huna al-Hussein”, et l’envoûtant “Taaha faqa al-qamar”. Les voix s’élevaient, emplies de ferveur, rappelant la tradition des zawiyas soufies où le chant devient prière et la musique, un pont vers le divin.
Puis, Jouad El Chari prit le relais, transportant le public dans l’univers envoûtant des madhs marocains. Des poèmes mystiques tels que “Qul liladhi lamani”, “Lafiyasha” et “Ya Saad Qawm” ont résonné avec puissance, dévoilant la richesse du patrimoine spirituel de l’Atlas.
Mais le sommet de la soirée fut sans conteste le troisième et dernier acte : un dialogue musical entre l’Egypte et le Maroc, où les deux traditions se sont entremêlées dans une extase collective. Une fusion vibrante où les voix égyptiennes et marocaines se sont répondues, témoignant d’un héritage commun marqué par les voyages des saints et des mystiques entre les rives du Nil et les sommets du Rif.
Un Ramadan qui transcende les frontières
Ces deux soirées, placées sous le patronage du ministre de la Culture, Dr Ahmed Fouad Hano, et sous la direction du Dr Alaa Abdel Salam, rappellent que l’art et la spiritualité sont des langages universels. Que l’on soit aux Philippines, au Maroc ou en Egypte, les voix s’élèvent avec la même ferveur pour célébrer ce mois béni, où la musique devient une prière et où la culture unit les cœurs bien au-delà des frontières.
Alors que le Ramadan se poursuit, d’autres spectacles viendront illuminer les nuits égyptiennes, rappelant que le chant, le rythme et la danse sont autant de passerelles entre les peuples. Car si le travail des hommes construit des murs, l’art, lui, bâtit des ponts.