Le look reflète en partie la personnalité. Pour certains, l’habit fait le moi, pour d’autres, ils l’enfilent sans forcément trop y attacher de valeurs. Toutefois, pour l’un et l’autre, les habits jouent énormément dans la construction de notre identité et de l’image que l’on renvoie aux autres. Si vous êtes du genre de ceux qui prennent ce qui leur passe sous la main dans le placard, cela apprend à votre entourage des traits de votre caractère : quelqu’un loin d’être vantard, un peu négligé peut-être, et sans nul doute, une personne à qui les apparences n’ont rien d’important.
Par : Hanaa Khachaba
Si, au contraire, vous mettez du temps à passer en revue votre placard à chaque sortie, c’est que l’habit est une véritable affirmation de votre propre identité. Le vêtement est donc ce lien entre l’intime et le social, entre le « moi » et l’extérieur, c’est également un marqueur social. S’habiller, c’est montrer autant sa valeur sociale que sa situation financière.
Tout le monde s’habille, mais pas tout le monde sait comment bien s’habiller. La connaissance de soi, l’expression de soi, ce parcours commence par identifier les couleurs et les styles de vêtements qui conviennent le mieux à votre teint, votre morphologie, votre personnalité et votre mode de vie. Bien choisir ses vêtements est un art qui fait défaut chez certains.
Pour paraître bien dans sa peau, il suffit de jeter son dévolu sur les couleurs et la coupe qui soient en harmonie avec sa ligne. Pour certaines personnes, à qui l’habit est le miroir de la valeur sociale, l’habit doit en dire long sur leurs richesses et leur rang social. Leurs placards regorgent en vêtements signés, affreusement chers, qui ne laissent pas de place à la friperie. Des sommes colossales sont dépensées pour s’adresser fièrement aux « yeux » des autres qui ne risquent de sous-estimer un interlocuteur de cette catégorie.
Insoucieux d’un vêtement signé ? Les marques vous laissent indifférents ? L’essentiel pour vous est de vous sentir bien dans votre assiette, sans pour autant renoncer aux critères de beauté et des airs soignés ? Aucune honte d’acheter des habits d’occasion, propres, de bon goût et surtout à bon prix ? En Egypte, au Caire comme à Port-Saïd, il y a des endroits qui répondent à vos besoins. Wikalat Al Balah, au Caire, un des marchés les plus célèbres de vente de camelote, bénéficie d’une bonne réputation auprès de la haute bourgeoisie. S’étendant sur environ 20 feddans du quartier populaire de Boulak Aboul Ela, Al Wikala profite également de son emplacement distingué à l’autre bout du quartier branché de Zamalek. Ceci dit, sa clientèle n’est pas uniquement les familles modestes de la région. Ses visiteurs sont hétérogènes, de toutes les classes sociales. Tous en quête d’un « marché » à bon marché. Ce qui a été autrefois le souk aux dattes (Al Balah signifie les dattes, en arabe) est aujourd’hui l’endroit de vente de camelote. En plus des pièces détachées de voitures, on y trouve des vendeurs de tissus de robes de soirée, de mariage, de fiançailles, de sorties…Bref, de toutes les occasions. Mais aussi de la friperie. A travers des grandes vitrines, la dense clientèle, surtout féminine, ne cessent de négocier les prix. Comme presque partout en Egypte, le marchandage est un trait de génie.
L’on trouve à Wikalet Al Balah des ballots de prêt-à-porter de seconde main, en provenance de l’Europe ou des Amériques. Il s’agit de vêtements dont la mode est dépassée dans son pays d’origine, ou des vêtements d’une qualité plus ou moins médiocre ou des vêtements avec de petits défauts…etc. Au Caire, les vendeurs à Al Wikala, ce souk de friperie, ont l’air plus agressifs que ceux de la ville portuaire de Port-Saïd. L’on renvoie souvent ce caractère belliqueux et stressé des Cairotes aux caractéristiques mêmes de la mégalopole. Vacarme, embouteillages, train de vie infernal, le tout rend les habitants de la capitale un peu plus impulsifs que le reste de la population. Selon une expérience personnelle, le shopping au marché de friperie de Port-Saïd est plus amusant.
A Port-Saïd, il y a ce que l’on appelle Kilo Shop. C’est un concept de vente au kilo de vêtements et d’accessoires homme ou femme vintage (seconde main). Le prix de chaque article est défini par son poids et la couleur de sa pastille. Tous les articles sont uniques et originaux. Il y en a pour tous les goûts et toutes les envies.
La vente de vêtements au poids, intéresse de plus en plus dans les grandes métropoles et séduit une clientèle allant croissante, essentiellement motivée par son prix bas. Ce qui attire dans ces friperies, ce sont les vêtements originaux et introuvables dans le commerce actuel. Avoir accès à du « vintage » pas cher ou à des marques de luxe, voilà un concept qui est florissant et qui existe depuis un certain temps en Egypte, surtout parmi des bloggeuses et des YouTubeuses qui créent leurs propres produits ou achètent des vêtements d’occasion et les relookent différemment.
Bijoux, accessoires, tee shirt rétro, pantalons, robes et chaussures, il y a en général une quantité de choix et de belles découvertes. Pas n’importe qui peut plonger dans ce monde rétro et en ressortir avec des pièces uniques. La règle d’or est la suivante : il faut être patient et créatif pour arriver à dénicher la perle rare. Les vendeurs de friperie Port-Saïdiens sont très accueillants. Le sourire aux lèvres et ouverts à tout type de marchandage, ils vous offrent de quoi vous faire saliver. Leur devise est simple : Choisissez, pesez, emportez, parmi une large sélection sur plusieurs rayons.
Le prix au kilo des vêtements est-il un réel avantage ? Tout dépend des vêtements choisis, si ce sont des vêtements de luxe alors l’avantage est certain, mais faut-il encore les dénicher et avoir la patience de chercher dans une grande friperie où tout est en général pêle-mêle. Des balances sont en général disponibles pour estimer le « butin » et ne pas avoir de mauvaises surprises une fois arrivé à la caisse. Les belles découvertes ne sont pas rares mais il faut cependant bien décortiquer le vêtement pour éviter des défauts irréparables.
Qui dit vêtements, dit pollution. Il est d’occurrence de signaler que l’industrie du textile est fréquemment désignée comme l’une des plus émettrices de gaz à effet de serre. Pourtant, des alternatives aux produits les plus polluants existent. Il est vraisemblablement possible de limiter les effets indésirables de nos vêtements en s’habillant plus durablement.
Le premier moyen qui apparaît donc pour tenter de réduire l’empreinte carbone de son dressing est de contribuer à l’économie circulaire. La seconde main gagne du terrain aujourd’hui, comme un rempart à une « fast fashion » déraisonnable. De plus, elle est généralement avantageuse en termes de prix tout en restant tendance. S’il ne garantit pas que les produits soient vertueux en termes de composition et de fabrication, ce recyclage a le mérite de lutter contre le gaspillage.
En ce qui concerne les friperies, les souks spécialisés commercialisent le plus souvent des articles en bon état, voire presque neufs et à la mode pour certaines. De plus en plus présente dans l’espace médiatique (YouTube, Instagram, Facebook), la vocation pour les vêtements durables fait école. Quand les vêtements sont aussi responsables, c’est que la conscience des gens de l’importance de la protection de l’environnement prend de l’ampleur. C’est extrêmement positif surtout dans ce monde où la nature ne cesse de crier au secours.
Pour les matières premières, priorité donc aux composants issus de l’agriculture biologique, ainsi qu’à ceux issus de recyclage. Mais même un coton bio ou recyclé, s’il est plus propre que le coton issu de l’agriculture conventionnelle, n’en demeure pas moins très consommateur en eau. On pourra si c’est possible lui préférer le lin, le chanvre ou encore la laine, suivant le type de vêtement recherché. Bref, la conscience est de mise. Et, avec un peu de patience, la nature aura la tête reposée sans que l’homme ne renonce au plaisir de se vêtir élégamment et surtout…durablement.