
Le rapport sur l’avenir de l’emploi 2023 du Forum Économique Mondial, évalue l’impact des macro-tendances et des changements technologiques sur les emplois et les compétences au cours des cinq prochaines années et constate que près d’un quart de tous les emplois (23 %) dans le monde changeront au cours des cinq prochaines années.
En France, 19 % des emplois changeront – 11 % de croissance et 8 % de déclin. Comment les apprenants, les travailleurs, les employeurs et les gouvernements doivent-ils se préparer à l’avenir de l’emploi ? L’analyse de Saadia Zahidi, directrice générale du Forum Économique Mondial, à l’occasion du sommet sur la croissance du Forum Économique Mondial s’est tenu les 2 et 3 mai.
Il est difficile de surestimer à quel point les dernières années ont été tumultueuses pour les travailleurs du monde entier. Une pandémie mondiale a entraîné des fermetures d’entreprises pour la plupart des gens, à l’exception des travailleurs essentiels, puis, prudemment, des retours partiels au travail ou des pertes d’emploi dans des secteurs qui ne se sont jamais complètement rétablis. Presque immédiatement, cette situation a été suivie par les perturbations causées par la guerre et la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, ce qui a entraîné une baisse des salaires réels.
Alors, quel avenir pour le marché de l’emploi dans le monde ? Dans un contexte d’incertitudes économiques, accompagné d’un essor des intelligences artificielles et de la transition énergétique, le marché de l’emploi est en plein changement.
D’ailleurs, les experts ont interrogé plus de 800 entreprises, de toutes les régions du monde, employant plus de 11,3 millions de travailleurs d’un vaste panel de métiers. Il en ressort que les employeurs s’attendent à ce que 69 millions d’emplois soient créés, et 83 millions supprimés dans le monde, selon TFIinfo.fr.
14 millions d’emplois devraient donc disparaître (2% de l’emploi actuel), minés par les défis économiques de l’inflation, du ralentissement de la croissance et des pénuries d’approvisionnement. Plusieurs facteurs marquent les évolutions à venir pour le marché de l’emploi. Passage en revue.
La transition énergétique, premier moteur de création d’emplois
Parmi les principaux moteurs de croissance de l’emploi : la transition énergétique, la plus large application des normes ESG (environnement, social et gouvernance) et des chaînes d’approvisionnement de plus en plus localisées, révèle d’abord le rapport. Les postes d’ingénieurs en énergies renouvelables, ou en installations et systèmes d’énergies solaires, seront ainsi très demandés, prévoit le rapport. Des postes plus généralistes dans le domaine du développement durable (expert en développement durable, professionnel de la protection de l’environnement) devraient créer 1 million d’emplois d’ici à 2027.
Les emplois dans l’éducation (+ 3 millions d’emplois sont à prévoir dans l’enseignement élémentaire et supérieur), l’agriculture (+ 3 millions d’emplois attendus) et le commerce numérique (environ 4 millions d’emplois supplémentaires) connaîtront, quant à eux, une croissance à grande échelle, estime le rapport.
L’intelligence artificielle crée des postes… et en détruit
Autre moteur qui vient bousculer le marché du travail : l’intelligence artificielle, à l’origine de création d’emplois, mais aussi de destructions de postes. Les embauches pour des postes d’analystes de données, de scientifiques, de spécialistes de l’IA et d’expert en cybersécurité devraient ainsi augmenter de 30% en moyenne d’ici à 2027. En parallèle, de nombreux postes, dans l’administration, le secrétariat, la comptabilité ou la banque, devraient, eux, disparaître, au profit de la numérisation et de l’automatisation permises par l’IA. L’enquête évalue à 26 millions le nombre d’emplois en moins dans ces secteurs d’ici à 2027.
Un monde du travail en évolution, donc, qui va nécessiter des transformations au sein même des métiers afin de répondre aux besoins futurs des entreprises. 44% en moyenne des compétences d’un travailleur devront ainsi être mises à jour avant 2027, estime le rapport. D’ici là, six travailleurs sur dix auront besoin d’une formation, mais seule la moitié des salariés semble avoir accès à des opportunités de formation adéquates aujourd’hui, souligne encore l’étude.