Des nuées de décorations lumineuses scintillent à l’horizon, comme une multitude d’étoiles. Des lanternes raffinées, fabriquées main, sont suspendues à l’entrée de chaque foyer.
Des toiles aux couleurs arc-en-ciel recouvrent des rangées de tables et de chaises installées dans toute la ville. Chaque rue et ruelle vit au rythme de la fête à l’heure où les Égyptiens font les préparatifs pour le mois de ramadan, un mois qui se rapporte à la purification de l’esprit, du corps et de l’âme.
L’abstinence de manger et de boire de l’aube au coucher du soleil, la restitution à la société des grâces reçues et une profonde réflexion sur soi-même sont les caractéristiques fondamentales de ce mois sacré, sans aucun doute l’un des meilleurs moments pour visiter l’Égypte.
Par Nermine Khattab
“Ramadan”, ce mois de jeûne qui, en fait, a commencé avec l’observation du croissant de lune du mois hégirien, débutait en Egypte une quinzaine de jours plus tôt. Les rues et ruelles sont ornées de guirlandes ramadanesques à la forme de petites lanternes, de « lambeaux », de lumières et d’un grand falot ou “fanous” dans le langage égyptien.
Un calendrier spécifique appelé « Emsekeyat Ramadan » est publié particulièrement pour ce mois dans lequel figurent les horaires des prières, surtout celles de l’aube qui marque le début de l’abstinence et celle du crépuscule qui marque la rupture du jeûne. Les chants de Ramadan sont joués partout à la télévision, à la radio, dans les supérettes, les hyper et les supermarchés qui se pourvoient de toutes sortes d’articles de base (farine, pâtes, huiles, etc) mais surtout de fruits secs que les Egyptiens utilisent beaucoup et le jus d’entrée appelé en égyptien “Khochaf” et leurs desserts orientaux.
Pendant tout le mois retentit le Coran récité par les voix des récitateurs de Coran les plus fameux, tels Abdel Basset et Mohamed Refaat, que les Egyptiens ont l’habitude d’écouter durant Ramadan partout dans les transports et les magasins ; l’émission de feu cheikh Metwalli Al-Chaarawi, qui a excellé dans l’interprétation simple des versets du Coran, est incontournable et passe, comme d’usage au cours de ce mois, avant le crépuscule.
Ce mois étant un mois de charité et de générosité, dès le premier jour, de longues tables sont préparées et installées dans les rues connues en Egypte sous l’appellation de
« Mawa’ed el-Rahman » ou « festins du Tout-Miséricordieux », où sont offerts gratuitement pour l’amour de Dieu (d’où leur appellation) des repas de rupture du jeûne non seulement aux pauvres mais aussi aux passants qui n’ont pas eu la chance de rejoindre leurs foyers ; ces repas sont faits de jus, de dattes, de riz, de légumes, de poulet ou de poisson et d’un dessert.
Trente jours à la fois festifs et spirituels, Ramadan en Egypte est un mois qui a son propre charme et ses propres traditions qui n’existent nulle part, il demeure gravé dans les mémoires de tous ceux qui l’ont vécu ici.
L’on se prépare depuis des semaines
Par Ingi Amr
Qui dit Ramadan dit banquets d’Iftar, tables de Sohour, menus variés, courses multiples, stocks de denrées…
Bien avant le début du mois béni, il s’annonçait déjà dans les supermarchés qui abondent de denrées étroitement propres à lui : yamiche (oléagineux, dattes et fruits secs).
Pour la majorité des Egyptiens, Ramadan est synonyme de denrées alimentaires à acheter à l’avance voire à stocker de crainte que leurs prix ne flambent ou qu’elles ne soient indisponibles.
A la veille du mois béni, si l’on se rend à un supermarché, l’on risque de trouver les étagères des denrées essentielles, comme le riz ou le sucre, vides.
Ramadan est aussi synonyme de grands rassemblements sur l’Iftar. Des banquets sont préparés tout au long du mois béni. Des listes d’invités sont fixées à l’avance. Des tas de denrées sont achetés pour remplir les tables.
Les achats de denrées mis à part, un autre type de shopping est lié au Ramadan. Acheter un « esdal » ou une jalabiya pour porter en priant durant le mois béni est une nouvelle tendance que l’on remarque sur les réseaux sociaux où abondent les pubs de E-shopping. Des tapis de prières de couleurs variées et gaies séduisent aussi les acheteurs.
Puisque le mois béni est là, ceci veut absolument dire que des préparatifs ont été faits dans la cuisine plusieurs jours à l’avance. Plusieurs sont les dames qui préfèrent préparer et surgeler des aliments pour gagner du temps pendant les jours de jeûne. Sauce de tomate, soupe, jus, légumes et fruits congelés. Il est également question de préparer des ingrédients ou des aliments pré-cuits pour faciliter la préparation de l’Iftar.
Pourtant, cette tendance divise chaque année, avant le mois béni. Bien qu’elle soit très bien appréciée par de nombreuses dames, cette tendance est critiquée par d’autres. Il y en a celles qui la refusent car elles sont pour les aliments frais et contre la consommation d’aliments congelés. Elles craignent que le fait de congeler altère le goût et la qualité nutritionnelle des aliments.
D’autres préfèrent ne pas perdre du temps à préparer à l’avance des ingrédients des repas. Selon elles, l’iftar de Ramadan est semblable au déjeuner de tous les jours. Ce camp s’interroge donc sur la nécessité de passer des heures avant le mois béni à congeler des aliments alors que ce ne serait point difficile de préparer l’iftar en plein jeûne.
Une ambiance de fête animée partout
Par Dalia Hamam
Le mois de Ramadan est le mois le plus attendu par les musulmans. Ce n’est pas un mois ordinaire, c’est un mois qui ramène chaque année une ambiance de gaieté, de piété et de dévotion pour tout le monde. Ramadan est aussi l’occasion idéale pour se réunir en famille et entre amis.
Quand Dar El Iftaa annonce le début du mois de Ragab, deux mois avant le mois béni, le quartier de « Taht El-Rab’a » débute à pied-d’oeuvre les préparatifs du mois béni. Entre kiosques et tentes, chaque magasin commence à mettre ses propres décorations, ses guirlandes ramadanesques, ses poufs et des coussins avec des dessins islamiques. Normalement, les dernières retouches sont faites un mois à l’avance, au mois de Chaabane. Les produits préparés particulièrement pour ce mois béni sont étalés dans cette rue historique. On assiste donc à un tableau spirituel : un savoureux mélange de couleurs et en arrière-plan les chansons du mois se font entendre partout.
Idées de décorations
Avant le Ramadan, les préparatifs pour faire de ce mois sacré un moment de joie et de rencontre vont bon train. Descendre pour avoir des idées de décorations s’avère donc nécessaire. Les marchandises de cette année ressemblent à celles de l’année passée, mais avec quelques nouveautés. Tout près du portail de Metwalli, se trouve un petit magasin illuminé par une dizaine de fanous en métal doré. Deux jeunes femmes sont debout devant le magasin, elles arrangent proprement leurs marchandises. Noha Amine, diplômée de la faculté des Beaux-Arts et son amie Maha Moustafa ont décidé de lancer leur petit projet : la fabrication des fanous en métal et d’autres décorations ramadanesques comme des étoiles, des lunes, des cadres photos, etc. « Ce fanous coûte 295 livres égyptiennes. C’est moi qui ai fait le design et qui ai surveillé sa fabrication», a-t-elle expliqué. «Je viens d’être diplômée et j’ai décidé de penser hors de la boîte ! Le mois de Ramadan est une très belle occasion pour y profiter de mes talents. Les prix sont abordables », a-t-elle conclu avec un grand sourire.
Des ustensiles de cuisine
Cette rue n’expose pas uniquement les décorations de Ramadan mais aussi tout ce dont la maison a besoin comme les ustensiles de cuisine professionnels, surtout ceux qui sont fabriqués en bois. Il y a des magasins qui vendent également des machines de café, des plats à four avec grille, etc.
Bien que la pandémie soit toujours présente comme l’année écoulée, cette année les rassemblements familiaux, qui sont une tradition spirituelle importante des familles égyptiennes, sont autorisés afin de partager les moments de joie et de gaieté. Et c’est pour cette raison que les articles de décorations varient entre nappes et coussins.
En effet, l’ambiance festive du Ramadan règne aussi au-delà de Taht El-Rab’a, elle s’étend à gauche jusqu’au quartier El-Sayeda Zeinab et à droite jusqu’à la rue Al-Azhar. Les activités de vente et d’achat ne cessent point, de même que l’enthousiasme des passants dans les rues, ils attendent le début du mois béni fort impatiemment.