Par Nermine Khattab




Les monuments historiques ne sont pas de simples vestiges du passé ; ce sont les témoins silencieux d’une civilisation, les gardiens d’un héritage que le temps cherche à effacer. Chaque pierre, chaque colonne, chaque fresque raconte une histoire qui dépasse les siècles et les frontières. Restaurer ces merveilles, c’est offrir aux générations futures la possibilité de contempler l’ingéniosité et la grandeur de ceux qui les ont érigées. C’est aussi un devoir, une mission essentielle pour préserver l’identité culturelle et historique d’un pays.
Consciente de cette responsabilité, l’Egypte déploie depuis plusieurs décennies des efforts colossaux pour protéger et restaurer son patrimoine inestimable. Des temples millénaires aux nécropoles oubliées, des mosquées historiques aux palais de l’ère moderne, l’État égyptien ne ménage ni son énergie ni ses ressources pour redonner vie à ces trésors. Ces initiatives, portées par des experts locaux et des collaborations internationales, permettent non seulement de sauvegarder ces monuments, mais aussi de les rendre accessibles au monde entier.
Dans le cadre du rôle du ministère du Tourisme et des Antiquités dans la préservation des antiquités égyptiennes et de son patrimoine culturel, le Conseil a commencé les travaux du projet de restauration et de réhabilitation du temple du Ramesseum, en coopération avec l’Université nationale coréenne du patrimoine culturel.
Le ministre du Tourisme et des Antiquités M. Cherif Fathi a apprécié ce projet, qui permettra de faire revivre et préserver l’un des temples égyptiens les plus importants, et d’ouvrir de nouvelles attractions touristiques à Louxor. Ce qui enrichira l’expérience touristique des visiteurs égyptiens et étrangers, en particulier les amateurs du tourisme culturel….
Le Secrétaire général du Conseil suprême des antiquités Dr. Mohamed Ismail Khaled a expliqué que le projet vise à démonter, restaurer et réinstaller les pierres du premier pylône du temple du Ramesseum à travers une documentation scientifique de la zone de l’édifice par le biais des travaux d’arpentage, d’élévation architecturale, de photographie et d’excavation autour de l’édifice dans le but de découvrir les blocs de pierre qui en faisaient partie.
Il a ajouté que le projet vise également à connaître les mécanismes suivis par les anciens Égyptiens dans la construction de cet édifice, tout en analysant ses inscriptions ainsi que celles similaires dans d’autres temples, en plus d’installer et de restaurer les blocs. Le projet vise en outre à remettre les pierres et les blocs à leur place d’origine pour reconstruire l’édifice après avoir terminé le travail de documentation.
Pour sa part, le Dr Abdel Ghaffar Wagdy, directeur général des Antiquités de Louxor, a déclaré que la mission avait commencé des fouilles scientifiques et a découvert les fondations du premier édifice et les fondations en pierre du mur extérieur de la première cour du premier édifice. La mission a documenté et enregistré certains blocs de pierre gravés qui représentent la façade du premier édifice.
L’étude architecturale du premier édifice et des modalités de démontage, d’installation et de transport des blocs de pierre a également mis au point.
Il est à noter que la construction du temple du Ramesseum a été mise en place par ordre du roi Ramsès II pour adorer le dieu Amon Ra.
Les anciens Égyptiens l’appelaient le trait d’union avec l’Ouest mais Champollion lui a donné son nom actuel, le Ramesseum.
Le temple est aujourd’hui en grande partie démoli à la suite du tremblement de terre qui a frappé l’Égypte en 27 avant JC, mais ses ruines indiquent qu’il s’agissait d’un grand temple qui montrait la grandeur et le statut de Ramsès II parmi les rois.
Le temple est entouré d’un immense mur de briques crues. La longueur du temple atteint 180 mètres et sa largeur est de 66 mètres.
Le temple comprend une représentation de l’une des batailles les plus importantes menées par le roi Ramsès II, la bataille de Kadesh.
Le Ramesseum : Le Temple des rêves et de l’éternité



Il est un lieu en Egypte où le temps semble suspendu, où le sable du désert murmure encore le nom d’un roi, où la pierre garde la mémoire d’un empire qui défia le néant. Le Ramesseum, majestueux temple funéraire de Ramsès II, se dresse, malgré l’usure des siècles, comme un témoignage éclatant de la grandeur passée. Perché sur la rive ouest du Nil, face à Thèbes et à ses vivants, il s’ouvre aux âmes voyageuses comme un portail vers l’éternité.
Dès l’entrée, un spectacle saisissant s’offre au regard : des colonnes massives sculptées avec une finesse divine, des bas-reliefs où s’anime la geste héroïque du souverain, des fragments d’une statue colossale, brisée par le temps mais dont l’ombre semble encore envelopper les lieux.
Ce géant de pierre, jadis debout, scrutait l’horizon, veillant sur son peuple au-delà de la mort. Aujourd’hui, il repose à terre, mais son regard invisible continue de défier l’oubli.
Le Ramesseum n’est pas un simple temple ; il est une déclaration d’immortalité. Ramsès II, le Pharaon des pharaons, n’y a pas seulement bâti une demeure pour son âme, il y a inscrit l’écho de sa puissance.
Chaque relief raconte une épopée, chaque inscription chante les louanges d’un roi qui se voulait l’égal des dieux.
Sur les murs, la bataille de Kadesh se rejoue inlassablement, figée dans une fresque grandiose où Ramsès, seul sur son char, terrasse les armées ennemies. Ici, l’histoire ne se lit pas ; elle se vit, elle vibre sous les doigts qui effleurent la pierre millénaire.
Mais au-delà des exploits et des batailles, ce temple recèle une poésie secrète.
À l’abri des colonnes, dans l’ombre des pylônes, le silence parle. Il conte les rituels anciens, les processions lentes sous la lumière dorée, les hymnes murmurés aux dieux, les parfums d’encens qui s’élevaient vers le ciel. Il évoque aussi la main des artisans, ces artistes oubliés qui, jour après jour, ont gravé le rêve de leur roi dans la roche.
Le soleil décline, projetant des ombres mouvantes sur les ruines.
L’air se charge d’une douceur étrange, comme si l’âme du temple refusait de s’éteindre.
Les voyageurs, silencieux, quittent les lieux, le cœur serré par une sensation inexplicable : celle d’avoir traversé le voile du temps, d’avoir touché du bout des doigts l’écho d’une grandeur disparue mais jamais éteinte.
Le Ramesseum demeure. Il veille, impassible, témoin d’une Egypte qui ne se laisse jamais oublier.
À chaque lever du jour, sous l’éclat doré du soleil, il renaît, et dans le murmure du vent, on croit encore entendre le nom du grand Ramsès.