Par : Marwa Mourad
Le hashtag “Skinny Tok” est la nouvelle tendance effrayante des réseaux sociaux et de TikTok en particulier. Derrière ce mot-clé se cachent des corps filiformes et une apologie de la maigreur, à coups de messages culpabilisants et de régimes drastiques. Le site Doctissimo fait le point sur ses dangers. Suivez…
Vous avez peut-être connu, au début des années 2000, la tendance pro-ana, pour pro-anorexie, qui se retrouvait sur certains forums. Ces sites regorgeaient de messages faisant l’apologie de la maigreur extrême et vantait le contrôle de ses adeptes, capables de passer la journée sans s’alimenter ou presque.
Une nouvelle variante de cette tendance sévit sur TikTok
Désormais, cette tendance mortifère se déroule sur TikTok. Derrière le hashtag SkinnyTok, une contraction des mots “skinny”, c’est-à-dire mince en anglais et de TikTok, se cachent des vidéos prônant la maigreur extrême.
Des commentaires rabaissants sont également diffusés, tout comme des idées de régimes drastiques, passant parfois sous la barre dangereuse des 1200 calories par jour.
Des discours qui valorisent les comportements extrêmes
Sur le réseau, les vidéos sont souvent montées avec des musiques entraînantes, donnant un ton léger à des messages profondément toxiques. Mais les messages sont clairs : “Eat small to be small. Eat big to be big” ce qui veut dire “Mange peu si tu veux être mince. Mange beaucoup si tu veux être grosse” ou encore la célèbre phrase prononcée par Kate Moss en 2009 et qui avait fait scandale à l’époque : “Nothing tastes as good as skinny feels” comprenez “Rien n’a aussi bon goût que la sensation de maigreur”.
Une boucle causée par l’algorithme de TikTok
Au-delà du caractère problématique de ces vidéos, un autre danger se profile : elles sont diffusées en boucle aux personnes qui les consultent.
“En raison de l’algorithme des réseaux sociaux, le simple fait de regarder ce type de contenu entraîne automatiquement la recommandation d’autres vidéos similaires”, explique le Dr Vannina Micheli-Rechtman, psychiatre, psychothérapeute, philosophe et auteure de Les nouvelles beautés fatales — Les troubles des conduites alimentaires comme pathologies de l’image (Éditions Erès, 2022).
“Les utilisateurs se retrouvent ainsi enfermés dans un cercle vicieux, alimenté par des standards corporels irréalistes”, alerte-t-elle. “Un mécanisme qui renforce l’idéalisation de la maigreur extrême — un modèle particulièrement dangereux pour la santé à long terme.”
Que faire si son adolescent consulte ce type de contenu ?
Comment réagir, si vous constatez que votre adolescent(e) consulte ce type de contenu ?
“Il est essentiel d’avoir un échange avec son enfant, si tel est le cas” recommande notre experte. “Certains profils d’enfants peuvent être davantage attirés par ce type de contenu. Il est important d’échanger avec lui, de le sensibiliser aux diktats de beauté actuels, de lui montrer que cela reste une tendance sociétale et qu’il n’y a pas si longtemps que cela, la minceur n’était pas prônée comme elle peut l’être aujourd’hui”.
Selon la psychiatre, l’entourage de l’enfant (cercle amical ou éducatif notamment) peuvent aussi jouer un rôle. Mais que faire, si l’on constate que son enfant perd du poids ou refuse de s’alimenter correctement ? “Si la discussion ne fonctionne pas, il est important de prendre rendez-vous chez son médecin traitant, afin qu’il puisse voir l’adolescent” conseille le Dr Micheli-Rechtman.
“Dans l’idéal, il faudrait qu’il ou elle puisse avoir une consultation seul(e) avec le médecin, afin qu’une discussion franche sur le sujet s’engage, avec le professionnel de santé” conclut-elle.