Dans les villages de la Haute-Egypte, beaucoup de femmes se font tatouer les mains et les pieds et parfois le menton, avec des formes géométriques, des images d’animaux, d’oiseaux et d’autres divers signes. C’est une des habitudes des habitants de cette région du pays, et à chaque tatouage un sens et une raison.
Par Névine Ahmed
Le tatouage s’étend généralement dans la culture égyptienne préhistorique, et chaque forme est symbolique et a une signification quelconque. Dans un article publié par la page “Scoop Empire”, on souligne que le tatouage dessiné par les femmes de la Haute-Egypte a souvent des fins différentes. Par exemple, on trouve des tatouages qui traitent certaines maladies, alors que d’autres protègent contre la sorcellerie et l’envie et des tatouages qui représentent elles-mêmes des significations magiques et de sorcellerie.
Certaines femmes expliquent que les tatouages en forme de deux flèches parallèles sur le visage indiquent le courage. Quant à la ligne tracée allant des lèvres jusqu’au menton en dessous, et des points bleus ou verts de chaque côté de la ligne, c’est là un signe de la part de la fille qu’elle a grandi et qu’elle est prête à se marier, souligne-t-on dans le même article. En fait, ces significations des formes de tatouage ont été confirmées par le voyageur anglais, Edward William Lane, qui a écrit sur les habitudes et le mode de vie des Egyptiens.
On raconte encore que si l’un des enfants d’une femme décède alors qu’il est jeune, alors la femme dessine un tatouage de l’enfant qui lui succèdera, sous forme d’un point bleu ou vert sur le visage s’il est un garçon, et sur le talon de la jambe ou sur le front, si elle est une fille. Et si jamais l’enfant est le seul pour ses parents et n’a ni frère ni sœur, on dessine un tatouage sur la lèvre et un cercle est dessiné à côté du nez pour le protéger de l’envie.
Aussi, a-t-on appris que chaque maladie a un tatouage spécifique qui- selon les croyances des habitants de la Haute-Egypte, est capable de les guérir. Par exemple, on fait un tatouage près du nez pour traiter les maux de dents, alors que pour la déficience visuelle, on en fait un tatouage sous forme de trois petites lignes parallèles sur le côté du front. Quant aux personnes atteintes de vitiligo, elles ont trois points sur le pouce d’une de leurs mains.
Une vieille dame originaire de Minya raconte que ses concitoyens dessinent une paume ou un “cinq” comme signe de la famille du Prophète Mohamed, cela signifie et explique que lorsque nous faisons un “cinq” face au visage de quelqu’un, cela reste comme si nous voulons lui dire de se souvenir de la famille du Prophète et nous lui disons de n’envier personne.

Les recherches révèlent que les tatouages remontent à une Histoire très ancienne, c’est pourquoi les anthropologues pensent que ces dessins avec lesquels les ruraux ornaient leurs mains, leur poitrine, leurs lèvres et leur visage, ne sont pas du tout dus à l’absurdité, mais remontaient plutôt à l’Histoire ancienne où les gens menaient un vie primitive dans laquelle ils vénéraient certains animaux et les craignaient du même coup, ainsi que certains aspects de la nature, comme les vagues, le vent, la pluie et le tonnerre.
Certains égyptologues confirment que les anciens Egyptiens ont connu les tatouages et les pratiquaient dans leurs anciennes religions. En plus, ils avaient également tiré de ses dessins des moyens de décoration et d’embellissement, ce qui explique ce que le Dr “Keimer” avait indiqué lorsqu’il a étudié les traces de tatouages sur les momies de danseuses pharaoniques et a noté les parties du corps qui portaient des tatouages, ce qui correspondaient à l’endroit où sont placés les accessoires qu’elles portaient.
Les dessins et les méthodes de tatouage et les endroits où il est placé sur le corps diffèrent d’un pays à l’autre selon la nature sociale et climatique, les coutumes et les traditions dans chaque pays, mais le facteur commun est notamment la méthode de faire le dessin, qui est la même et est réalisée à l’aide d’aiguilles pointues en fer ou de pièces de cuivre aux têtes pointues et brûlées et qui sont trempées dans des matériaux de tatouage principalement constitués de cendre ou “kohl”.
Au fil du temps, des entreprises japonaises ont produit des outils précis destinés à être utilisés dans cet art, et vite l’on a vu la technologie moderne qui a introduit des faisceaux laser capables de placer plus de trois mille points de tatouage sur le corps par minute, après que le nombre de points ne dépassait pas de 5 à 10 points lorsque le tatouage était fait à la main.
Non seulement la méthode du travail de tatouage et les machines utilisées ont évolué, mais aussi les dessins à mesure que les formes ont commencé à se diversifier et aussi les couleurs. On voit donc désormais des dessins représentant les peintures de Picasso ou de Salvador Dali, alors qu’ils étaient auparavant des dessins simples comme des lions, des dragons ou des serpents.
