Quand les animaux deviennent des soignants
Les liens entre l’homme et l’animal remontent à la nuit des temps. Depuis des millénaires, les animaux partagent notre quotidien, que ce soit en tant que compagnons de vie, aides au travail ou sources d’inspiration. Mais au-delà de cette relation affective et utilitaire, la présence des animaux a-t-elle un véritable impact thérapeutique sur la santé humaine ? Aujourd’hui, la zoothérapie, aussi appelée thérapie assistée par l’animal, suscite un engouement croissant à travers le monde. En Egypte, cette approche reste encore peu connue du grand public, mais de plus en plus de professionnels de la santé s’y intéressent. Alors, simple effet placebo ou réelle efficacité ?
L’idée d’utiliser les animaux à des fins thérapeutiques ne date pas d’hier. Dès l’Antiquité, les Égyptiens vénéraient certains animaux pour leurs vertus spirituelles et curatives. Dans la Grèce antique, Hippocrate recommandait aux patients atteints de troubles psychiques de monter à cheval pour calmer leur esprit. Mais c’est réellement au XXe siècle que la zoothérapie prend une dimension scientifique. En 1953, le psychologue américain Boris Levinson découvre par hasard que son chien facilite la communication avec un enfant autiste. À partir de là, la thérapie assistée par l’animal commence à être étudiée plus rigoureusement et adoptée dans divers contextes médicaux.
Comment fonctionne la thérapie assistée par l’animal ?
La zoothérapie repose sur une interaction contrôlée entre un patient et un animal spécifiquement sélectionné pour ses qualités apaisantes et son comportement sociable. Chiens, chats, chevaux, dauphins, lapins et même lamas sont utilisés dans différents cadres médicaux et éducatifs.
L’objectif n’est pas seulement de distraire ou d’apporter du réconfort, mais bien d’induire des effets bénéfiques mesurables sur le bien-être physique et mental des patients. Selon plusieurs études, cette interaction stimule la production d’ocytocine, l’hormone du bien-être, tout en réduisant les niveaux de cortisol, l’hormone du stress.
Les bienfaits scientifiquement prouvés
De nombreuses recherches ont mis en évidence les bienfaits de la zoothérapie dans plusieurs domaines :
1. Sur la santé mentale et émotionnelle
- Réduction du stress et de l’anxiété : La simple présence d’un animal calme le rythme cardiaque et abaisse la tension artérielle.
- Diminution des symptômes de la dépression : Les interactions avec les animaux stimulent la production de dopamine et de sérotonine, deux neurotransmetteurs impliqués dans le bien-être.
- Aide aux patients atteints de troubles du spectre autistique : Les enfants autistes qui participent à des séances de zoothérapie développent plus facilement des interactions sociales.
2. Dans le traitement des maladies neurologiques
- L’équithérapie (thérapie assistée par le cheval) est utilisée pour améliorer l’équilibre, la coordination et la motricité chez les patients atteints de sclérose en plaques ou de la maladie de Parkinson.
- Chez les patients atteints d’Alzheimer, la présence d’animaux favorise la stimulation cognitive et réduit l’agitation.
3. En milieu hospitalier et auprès des personnes âgées
- Dans certains hôpitaux, des chiens et des chats sont introduits dans les chambres des patients pour réduire leur isolement et leur détresse psychologique.
- Dans les maisons de retraite, les animaux apportent une compagnie précieuse et encouragent les résidents à être plus actifs et communicatifs.
Malgré ses bienfaits, la zoothérapie soulève aussi des questions et des défis. Tout d’abord, elle ne peut pas remplacer un traitement médical classique, mais vient en complément. De plus, tous les patients ne réagissent pas de la même manière : certains peuvent éprouver de la peur ou être allergiques aux animaux.
Par ailleurs, le bien-être des animaux doit aussi être pris en compte. Un animal utilisé en thérapie ne doit pas être soumis à un stress excessif ou à des manipulations inappropriées. C’est pourquoi les programmes de zoothérapie sérieux mettent en place des formations rigoureuses pour les professionnels et des protocoles stricts pour le bien-être animal.
La zoothérapie en est encore à ses balbutiements. Certaines initiatives émergent, notamment auprès d’enfants en situation de handicap ou dans des centres spécialisés. Cependant, cette approche reste méconnue et souffre parfois d’un manque de reconnaissance institutionnelle.
Dans un pays où les animaux de compagnie ne sont pas toujours perçus comme ayant un rôle thérapeutique, il reste du chemin à parcourir pour intégrer pleinement la zoothérapie dans les pratiques médicales et sociales.
Alors, mythe ou réelle efficacité ? Les preuves scientifiques et les témoignages de patients semblent trancher la question : la zoothérapie a bel et bien des effets positifs sur la santé humaine. Si elle ne remplace pas la médecine conventionnelle, elle constitue un complément précieux, notamment pour les personnes souffrant d’anxiété, de dépression, de troubles neurologiques ou d’isolement social.
Il reste à sensibiliser le public et les professionnels de la santé pour que cette approche puisse se développer de manière structurée et bénéfique, tant pour les patients que pour les animaux qui y participent. Peut-être est-il temps d’accorder plus de crédit à nos compagnons à quatre pattes et de leur reconnaître un rôle plus grand dans notre quête du bien-être.