Manger est l’une des activités les plus agréables au monde. Dans le passé, s’installer à table était tout un art : choisir sa porcelaine, bien étaler le couvert, autant de gestes qui dictaient l’étiquette du repas convivial ou familial. Aussi bien dans l’aristocratie que dans les classes populaires, prendre un repas était un acte qui visait d’abord à remplir les estomacs affamés, mais aussi à rassembler les membres d’une même famille pour partager ensemble un moment très particulier. De nos jours, manger devient de plus en plus un geste mécanique, un geste de l’ordre de survivre et de donner à son corps du carburant. De moins en moins, les familles se rassemblent autour d’une même table. Aujourd’hui, nous sommes dans l’univers où manger est parfois un acte individuel, exécuté sans trop de rites dans un coin isolé. Dans ce coin, il faut alors ingurgiter rapidement un mets de préférence ni trop froid ni trop chaud. Un plat rapide, facile à préparer ou à emporter et à digérer sans laisser son poste de travail ou être obligé de se déconnecter de son ordinateur. Le mot de passe dans ce monde trépidant dénué de convivialité : c’est le sandwich.
A table ! Une expression que l’on entend de moins en moins surtout dans la vie des adolescents et des adultes. Chaque membre de la famille a des horaires différents, et en période d’examen, de stress au travail intense, la solution parfaite sera soit un sandwich ou une pizza. Évidemment, quand on évoque ce mot « sandwich », beaucoup souhaitent savoir qui l’a inventé ? Vers quelle date ? Sous quelle forme ? Autant de questions qui peuvent tracasser les affamés pour quelques secondes, mais dès qu’ils prennent une bouchée de pain bourré d’aliments salés ou sucrés, ils oublient l’affaire entière et s’embarquent dans l’univers coloré et féerique entre les deux tranches de pain qu’ils tiennent méticuleusement entre les mains.
Le sandwich tient son nom de John Montagu, diplomate et amiral britannique de la flotte du roi de Grande-Bretagne George lll et surtout quatrième comte de Sandwich ! L’histoire raconte que John Montagu, qui était un grand joueur, se fît apporter, au cours d’une partie de cartes interminable, deux tranches de pain garnies de viande froide, de tranches de concombre et de fromage. Le sandwich serait né ! Il avait l’avantage de permettre à son consommateur de garder les mains propres et de ne pas quitter la table de jeu pour le repas. Il serait cependant plus vraisemblable que le comte, pris par ses activités gouvernementales, consommait régulièrement sur le pouce, du pain garni de viande directement à son bureau. La consommation du sandwich se répand par la suite en Angleterre, puis aux Etats-Unis au cours du 19ème siècle.
Il est tout d’abord réservé à une élite : les aristocrates ou les hommes d’affaires, dans les cercles et les clubs. C’est d’ailleurs de cet usage que vient le nom du club-sandwich. En 1928, l’invention d’une machine permettant la production industrielle de pain prétranché contribue à la démocratisation du sandwich à base de pain de mie aux Etats-Unis. Parallèlement, la restauration rapide se développe. Les fast-foods, centrés sur le sandwich et particulièrement le burger, prennent leur essor dans les années 1950, rapporte le site https://www.laroutedesgourmets.fr.
Bien avant de se voir attribuer le nom de « sandwich », ce mode de consommation du pain existait cependant bien avant Sir Montagu.
Ainsi les grecs consommaient déjà du pain fendu en deux ou tartiné en surface de différents ingrédients selon l’occasion, la disponibilité des produits et leurs moyens : olives, ail, oignon, légumes, fromage, fruits, viande ou poisson.
Au Moyen Âge, en l’absence d’assiette, il était courant de se servir d’une épaisse tranche de pain pour y déposer les ingrédients (viande ou légumes). Le pain absorbait alors la sauce et le jus, mais n’était généralement pas consommé par les « maîtres », destiné plutôt aux serviteurs après le repas. Il constituait alors pour eux un met de luxe.
La consommation de pain garni en l’état (sans couverts, plats ou ustensiles particuliers) s’est maintenue, particulièrement chez les personnes amenées à manger hors de chez elles (dans les champs, les usines, en voyage…). Puis chez les jeunes (et maintenant chez les moins jeunes : travailleurs) souhaitant limiter les temps de pause du midi pour des raisons professionnelles (temps de pause restreint) ou personnelles.
Adapté aux goûts locaux, aux matières premières disponibles, à la culture et au pain disponible, le sandwich a pris des appellations et des formes des plus variées : Hamburger (généralement garni de viande hachée), Hot dog (fourré d’une saucisse), tartines (recouvertes de beurre et de viande froide ou fromage), pita garnie (ouverte en deux et garnie de viande et de légumes), croque-monsieur (pain de mie recouvert de jambon, fromage, parfois béchamel, et toasté au four), confirme le site https://lesaffre.fr.
En Egypte, parler de sandwich, c’est évoquer mille et une possibilités, sensations et goûts. Il y a évidemment les sandwichs de burger à l’américaine, des sandwichs froids et équilibrés à la française, d’autres garnis de tomates à l’italienne. Toutes les sauces sont servies en fonction des goûts, des préférences et du budget.
Mais, le mot sandwich renvoie à une partie très particulière de la culture égyptienne : les sandwichs populaires de foul et de félafel. Tout Egyptien au Nord comme au Sud, riche comme pauvre, en a goûté et en raffolent. Comment sont donc préparer ses sandwichs qui font l’unanimité, même des visiteurs ou des touristes ?
Dans du pain « baladi » (la fameuse galette égyptienne de pain) ou « chami » (du pain importé de l’Assyrie puis formaté au goût égyptien), il suffit de déposer quelques cuillères de fèves garnis d’huile de sésame, de tomates, de concombres et de persils. Parfois, le foul (fèves bouillies) est remplacé par des félafels (fèves frites avec des herbes et de l’oignon). En plus du goût très épicé et enivrant, il y a un autre délice : celui des yeux. Et, oui, les sandwichs égyptiens sont hauts en couleurs et en saveur, faisant un amalgame de sauce, aliments, légumes, ils ressemblent à une vraie palette de couleurs qui réjouit et rassasie. L’imagination égyptienne, notamment cairote ou alexandrine, en matière de sandwichs n’a pas de bornes : il y a le fameux sandwich baptisé « dynamite ». Il s’agit d’un mélange de foul, félafel, d’aubergines, de frites, d’huile de sésame, de tomates et de concombres. Il est spécialement fait pour les amateurs d’aliments épicés et aux estomacs assez costauds. Mais, les Égyptiens- même ceux qui s’intéressent le plus à leur ligne- ne peuvent y résister. Il ne faut surtout pas oublier que tous ces sandwichs sont végétariens et s’adoptent même à des modes de nutritions végétaliens ou vegans.
En vérité, les Egyptiens confectionnent toute forme de sandwich. Dans le passé, les moins nantis avaient l’objectif de tout fourrer dans du pain pour remplir les estomacs, mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La créativité comme les envies n’ont plus de limites. Il est possible alors de trouver des sandwichs de bananes au nutella dans les classes aisées, des sandwichs de koshari (un plat de carbohydrate confectionné à partir de riz, de pâtes, de lentilles, de sauce tomates). Mais, cette folie ne représente pas le cas général.
Le cas général, ce sont les sandwichs préparés quotidiennement par les mères de familles pour que les enfants les emportent à l’école ou pour qu’ils les mangent le soir comme dîner. Dîner et petit déjeuner se prennent toujours sous forme de sandwich : du pain appelé « finou » qui ressemble à la baguette, mais dont la texture est molle. Dans le fameux « finou », les Égyptiens mettent mille et une délices qui ressemblent un peu- si on ose le dire- à des couples catholiques, indissociables et imbattables.
Parmi ces couples-sandwichs les plus célèbres, on pourrait citer « le fromage et les concombres », « le fromage et les tomates », « les frites arrosées de ketchup », « le poulet pané au fromage fondu », « la crème laitière et la confiture », « la crème laitière et le miel d’abeilles », « l’huile de sésame et le miel de canne à sucres », etc… Qui oublierait le fameux « Sakalansse » : un sandwich fait de crème laitière, de barre d’huile de sésame sucrée appelée « halawa », de miel, et de confiture. Une dynamite explosive de sucre qui vous fera sans doute oublier vos soucis et votre ligne. Côté salé, il y a les sandwichs de foie, de chawerma (des morceaux de viande ou de poulet) à la sauce d’ails, de thon aux légumes, d’œufs, d’olives seulement surtout pour les coptes en période de jeûne… la liste est longue et aucun article ne peut suffire pour mentionner tous les sandwichs égyptiens.
Evidemment parfois, il arrive qu’un sandwich soit fabriqué sur mesure pour la personne qui va le confectionner et l’ingurgiter sur le champ sans que personne ne trouve cela bizarre ! Dans n’importe quel type de pain, les Egyptiens n’hésitent pas à étaler des frites et du fromage, des chips et du fromage, des aubergines avec des frites, etc… Là, l’imagination ne manque pas !