Penser à son armoire est bien entendu lié à la mode, aux préférences personnelles, couleurs etc.… Mais est-il possible de penser d’un point de vue écologique en regardant cet espace étroit rempli de vêtements ?
Un rapport publié en 2020 par McKinsey & Company et Global Fashion Agenda indique que 70 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’industrie de la mode se produisent au niveau de la chaîne d’approvisionnement, de la matière première à la production de vêtements. Ainsi, la mode durable se concentre sur la façon dont les vêtements sont fabriqués et sur les méthodes de production et de distribution, selon le site Internet L’Officiel.
Aujourd’hui, cette mode écoresponsable gagne de plus en plus de terrain un peu partout, et au pays des pharaons aussi. Ce thème a été abordé lors de la dernière édition du festival D-CAF, qui s’est déroulé au centre-ville. Le festival qui s’intéresse à tout ce qui est nouveau dans le domaine des arts, a choisi de se pencher lors de l’édition 2021 sur la mode et le véritable coût payé pour une pièce de vêtements.
Il s’agit plutôt d’un parcours auquel la plupart d’entre nous n’aurait jamais cru. Ce trajet, les visiteurs du festival ont eu la chance de le vivre comme dans la vie réelle grâce aux nouvelles technologies comme la VR. Il s’agit de l’exposition de la réalité virtuelle “X-Ray Fashion”.
Mais pour les curieux qui cherchaient à aller en profondeur, ils ont trouvé la réponse à leurs questions lors de la conférence et l’atelier de travail sur la mode durable. Le concept peut paraître un peu bizarre pour certains, alors ce n’est pas une question aussi compliquée que l’on peut imaginer en écoutant ce terme. Noha Zahran, styliste, blogueuse de mode durable a animé l’atelier de travail. Préparée avec un mini modèle d’une armoire avec quelques pièces de vêtements, elle a commencé à expliquer le concept de la mode durable, son importance et sa situation en Egypte. L’atelier se base essentiellement sur les moyens possibles de recycler son armoire et de limiter le plus possible les achats non nécessaires.
En effet, la mode est la deuxième industrie la plus polluante après le secteur pétrolier. Le principe de la mode écoresponsable vise donc à réduire le gaspillage des ressources et à prendre en considération le changement climatique. Par ailleurs, la mode durable ou éthique s’intéresse également au processus de production sur le plan humain, autrement dit les conditions de travail défavorables pour certains ouvriers dans ce domaine. C’est ce que les visiteurs ont découvert à travers l’exposition X-Ray, qui embarque les individus dans une des usines en créant le même environnement dans lequel travaillent les ouvriers : chaleur étouffante, humidité et autres conditions créées artificiellement à l’aide des ventilateurs, des appareils de chauffage etc.
Un trajet préparé au centre “Al Konsoliya”, que suivent les visiteurs pieds nus, portant des lunettes de réalité virtuelle grâce auxquelles ils découvrent pour la première fois, probablement, le parcours d’un morceau de tissu dans une usine avant de finir dans les rayons des magasins.
Une fois que la pièce est produite et mise en vente, la mode durable s’y intéresse. “Certaines marques se débarrassent des anciens modèles en les brûlant”, a avoué Noha à l’audience, en ajoutant qu’il s’agit aussi d’un gaspillage de ressources qu’une source supplémentaire de pollution de l’environnement. C’est ainsi que l’animatrice de l’atelier a invité l’audience à réfléchir plusieurs fois avant d’acheter une pièce de vêtements. Se demander s’ils en ont vraiment besoin, et dans quelle condition ces vêtements ont été produits ? En ce qui concerne le recyclage des vêtements, celui-ci est lié toujours aux décisions d’achats. Le principe, selon Noha, est de choisir des pièces qui soient durables, autrement dit, des pièces qui pourraient être utilisées dans différentes tenues et différentes occasions.
“Veillez à obtenir des pièces de base car à travers ces pièces, vous pourrez avoir plusieurs styles variés”, a-t-elle conseillé. Selon elle, les pièces de bases sont de simples pièces, comme un pantalon noir, un jeans, une jacket, une chemise blanche, des pièces qui peuvent être portées avec différentes tenues, que ça soit de ville ou de soirée ou autres occasions.
Pourquoi choisir ces pièces ? C’est parce que selon elle, c’est tout simplement possible de créer son style à partir d’accessoires utilisés. Par ailleurs, Noha a conseillé aux auditeurs de bien organiser leurs armoires pour pouvoir décider de ce dont ils ont besoin vraiment avant de faire leurs shoppings. Il est important, selon elle, d’être conscient à 100% de ce qu’on a déjà pour éviter l’achat des modèles que l’on possède. Joignant la parole à l’acte, l’animatrice a invité quelques femmes et jeunes filles de la rejoindre pour essayer de composer plusieurs tenues à partir seulement des pièces qu’elles portaient. Une fois terminé, le message était clair : Pas besoin de beaucoup de pièces ou vêtements pour créer son design.
Et en Egypte?
La mode durable a fait de plus en plus la une des journaux depuis le début de la pandémie de COVID-19, il y a deux ans. Les acteurs de l’industrie ont vu une augmentation des initiatives durables apparaître partout dans le monde, y compris en Égypte et dans la région MENA.
“ Mode durable où en sommes-nous en Egypte par rapport au monde?”, tel était le thème sur lequel ont été débattu les conférenciers.
Aujourd’hui, il existe en Egypte une alliance de mode durable dont les conférenciers sont également membres. Certains sont aussi des propriétaires de marques de mode durable comme May Kassem et Norhan El Sakkout. La conférence a été également animée par Maria Herholdt du Danemark créatrice de l’exposition X-Ray et Noha Zahran, styliste durable et membre d l’Alliance. May Kassem a avoué avoir commencé plus tôt en lançant sa marque de mode durable. Après une suspension qui a duré plusieurs années, elle a repris depuis quelques temps et poursuit jusqu’à présent. Elle indique que son objectif dès le début n’était pas une marque de mode comme les autres ou ce qu’on appelle le “fast fashion”. Pour elle, c’était important de s’assurer des conditions de travail et des salaires décents pour les ouvriers dans le domaine du textile, tout en créant des designs uniques et qui répondent aux goûts des consommateurs. Ce concept de “Slow” a été repris par Norhan, qui a ajouté que la mode durable s’intéresse à la qualité et la nature des matières premières utilisées dans la production. Ces matières doivent être durables et ne doivent pas avoir d’effets néfastes pour l’environnement.
En résumé, une mode écoresponsable est celle qui repose sur deux piliers : Respecter l’environnement au niveau des matières premières et le processus de production d’une part, et de respecter la main d’œuvre qui s’occupe de la production d’autre part.
Pourtant toutes les marques écologiquement durables ne sont pas éthiques. De grandes marques peuvent avoir des initiatives durables mais continuent en catimini de sous-traiter la production par des usines étrangères. Bien que la mode ait encore un long chemin à parcourir en ce qui concerne ses impacts environnementaux et sociaux, une meilleure compréhension de ces deux aspects peut contribuer à responsabiliser l’industrie, estime L’Officiel.