Clin d’œil

Par : Samir Abdel Ghany

Dans l’immensité brûlante du désert nubien, là où le soleil danse sur des dunes dorées, une civilisation millénaire a éclos, gravant dans la roche les empreintes d’un art d’une richesse inestimable. La Nubie, terre d’histoire et de traditions, a offert au monde un patrimoine artistique exceptionnel, vibrant d’une authenticité rare. C’est de cette source inépuisable que s’abreuve la talentueuse artiste Fatma Hassan, insufflant à ses œuvres une vie nouvelle, entre héritage et modernité.

Depuis son plus jeune âge, Fatma Hassan a fait de la Nubie le berceau de son inspiration. Puisant dans les racines de ses ancêtres, elle y ajoute une touche contemporaine qui confère à ses créations une singularité fascinante. Son exposition “Ikadoli” – qui signifie “Je t’aime” en nubien – est une déclaration passionnée, un hymne au sentiment universel sous toutes ses formes : amour romantique, amitié sincère, tendresse conjugale, connexion avec la nature et, par-dessus tout, amour de la patrie.

Chaque toile est une étincelle d’émotion, une parcelle d’âme que l’artiste dépose avec ferveur sur la toile. Dans ses œuvres, Fatma Hassan devient l’enfant qui court sous le soleil, la brise qui caresse les feuillages, le tambour qui résonne lors des festivités, la note musicale qui enchante l’oreille. Elle est la fleur qui éclot, l’ornement finement ciselé, la danse de la joie. Dans cet univers foisonnant de couleurs et d’émotions, chaque tableau est une icône de l’amour.

Mais ce qui confère à cette exposition une intensité si particulière, c’est son essence fondamentalement égyptienne. Les œuvres de Fatma Hassan pourraient traverser les frontières et rayonner partout dans le monde, rappelant avec fierté l’ampleur du patrimoine nubien. Ses compositions chromatiques, baignées de lumière et de joie, puisent dans cette terre aux mille histoires.

En arpentant la galerie, on pourrait presque entendre les voix du Nil résonner, se perdre dans les lignes des récits du grand romancier Haggag Adoul. Chaque pas nous enveloppe d’une nostalgie envoûtante, nous laissant imaginer les personnages des œuvres d’Idris Ali ou de Yehia Mokhtar. Là, une fillette joue avec un cheval en bois, et soudain, l’envie nous prend de revenir à l’innocence de l’enfance. Plus loin, un couple s’abandonne à une valse silencieuse, laissant deviner les mots d’amour murmurés en langue nubienne. Et puis, il y a cette scène magique : des amants, au clair de lune, bercés par les accords de Mohamed Mounir chantant “Al-Layla Ya Samra”.

Sans en avoir conscience, Fatma Hassan nous a emportés dans son monde enchanteur. En quittant l’exposition, une envie irrésistible nous prend de ramener avec nous un fragment de ce rêve, un visage, un souvenir, une émotion gravée au creux du cœur.

“Ikadoli” mérite bien plus qu’une visite ; il est une expérience à renouveler, un voyage sensoriel et affectif à explorer encore et encore. Quant à Fatma Hassan, elle mérite toute la reconnaissance pour son art saisissant, imprégné d’une singularité saisissante. Avec cette exposition, elle nous murmure une vérité profonde : l’art nubien n’est pas qu’une simple expression plastique, il est un langage du cœur, une étincelle d’éternité. Il est la voix d’un peuple qui refuse de s’effacer, qui revendique son existence par la beauté et l’amour.

À Fatma Hassan, à son talent lumineux, à la galerie Doroub et à tous ceux qui ont permis à cette merveilleuse exposition de voir le jour, nous ne pouvons que répéter avec ferveur : “Ikadoli, ikadoli, ikadoli”.